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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 
PESKINE Boris

Nous sommes à la recherche d'une copie de sa carte de Déporté. Pour nous contacter:
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est né le 28 novembre 1911 à Saint-Pétersbourg/Petrograd/Leningrad (Russie). Il est le fils de Ioachim et d'Eugénie née RAFESS.

Arrivé en France avec ses parents en 1917 après un séjour aux Etats-Unis, il est naturalisé avec son père et son frère André suite au décret paru au Journal Officiel de la République Française N° 79 du 1er avril  1928 page 3758. Voir le document ci-dessous.

Source de la photo ci-contre: Archives de la famille.

Source du document ci-dessus: Bibliothèque Nationale de France sur site Internet Gallica naturalisations.

Il fait l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures de Paris et en sort ingénieur (Promotion 1935). Il figure sur la "Liste des élèves de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures qui ont satisfait en 1935 aux épreuves d’aptitude au grade de sous-lieutenant de réserve d’artillerie par application de l’article 31 de la loi du 31 mars 1928 sur le recrutement de l’armée".
Voir le document ci-dessous.


Source du document ci-dessus: Bibliothèque Nationale de France sur site Internet Gallica.

Il est cinéaste domicilié au N° 103, rue Lafayette à Paris (10ème) quand le 4 janvier 1938 il épouse Christiane MARGUERY à Paris (17ème). Ils  ont trois enfants.

En 1939 il vient s'installer à Colombier (03) et travaille à l'usine de décolletage de Commentry dont il va devenir le directeur. Son frère André y sera chef d'équipe jusqu'en 1943.

Le 14 juin 1940 il est mobilisé, mais est " libéré sans avoir jamais été affecté à une unité et a repris son activité à l'usine" selon une lettre du Préfet de l'Allier en date du 26 juillet 1944.

Il est arrêté 2 fois. Le 4 août 1943 il est arrêté une première fois à son domicile  par trois policiers allemands qui n'ont rien de particulier à reprocher à Boris PESKINE sinon une supposée judéité.

Extrait de la lettre du Commissaire de Police de Commentry  qui écrit au Sous-Préfet de Montluçon le jour-même, c'est-à-dire le 4 août 1943:
"Ce jour, dans la matinée, aux environs de onze heures, trois policiers allemands sont venus arrêter le nommé PESKINE Boris, né le 29 novembre 1911 à St.Pétersbourg (Russie), Directeur de l'Usine des Décolletages à Commentry.
Après avoir demandé à visiter le stock de fusées qui avait été bloqué dans cet établissement par la Commission allemande d'armistice, les trois policiers se firent conduire par Mr PESKINE à son domicile particulier. Là, en leur présence constante, Mme PESKINE prépara une valise dans laquelle elle mit précipitamment quelques vivres et des objets de toilette. Il n' y eut pas de perquisition à proprement parler, mais une simple visite des diverses pièces. Néanmoins, les policiers demandèrent s'il n'y avait pas des armes et un poste émetteur cachés. Sur la réponse négative de Mr PESKINE, ceux-ci n'insistèrent pas et, après avoir déclaré partir sur Vichy, emmenèrent Mr PESKINE après lui avoir recommandé au préalable de se munir d'un pardessus".
Cote aux Archives Départementales de l'Allier 654 W 7.

Le 9 septembre 1943 il fait partie des 43 personnes transférées de Vichy à Drancy. En tant que "conjoint d'aryenne" il est envoyé au camp d'Austerlitz ou "Dienststelle Westen" qui est une annexe de Drancy proche de la gare d'Austerlitz au N° 43.


Son nom  figure sur une liste d'internés datée du 28/10/1943 avec leur date de naissance et leur profession sous la cote CCCLXXVI-4 au Mémorial de la Shoah. Dans ce camp d'Austerlitz les nazis entreposent le résultat des pillages systématiques des propriétés inoccupées par les Juifs à Paris.

«Juif accusé de relations avec l'Angleterre. (Il est) Libéré le 29 mars 1944 à Paris, car pas assez juif» selon ses propres termes dans son adhésion à l'association "Ceux de la Mal-Coiffée". Il est conjoint d' "aryenne" et, selon la famille,  a pu se faire établir un faux certificat de baptême, peut-être par l'intermédiaire du grand-père de son épouse. Il revient à Commentry et reprend ses activités à l'usine.

Document ci-contre: Adhésion de Boris Peskine à son retour de déportation à l'Association "Ceux de la Mal-Coiffée". Source: Archives Municipales de Moulins 5 H 81.

L'association "Ceux de la Mal-Coiffée" était présidée par Maître Maurice TINLAND, grand résistant moulinois.

Archives Municipales de Moulins 5 H 81

Fin 1943 une première tentative qui émane de la Préfecture des Alpes-Maritimes est faite de révision de sa naturalisation avec l'envoi d'un questionnaire au Commissaire de Police de Commentry (03).

Le 17 novembre 1943 ce dernier renvoie le questionnaire avec les deux appréciations suivantes: " La Famille Peskine fait l'objet de très bons renseignements et n'a jamais fait parler d'elle jusqu'à ce jour" et " La famille Peskine faisant l'objet de bons renseignements, la procédure de déchéance n'est pas à envisager".


Le 22 mai 1944 il est de nouveau arrêté, mais cette fois «comme non-Juif impliqué dans une affaire de résistance» selon ses propres termes.

Suite à son arrestation, l'attention de la Commission de Révision des Naturalisations est appelée sur le cas de Boris PESKINE.

Source du document ci-dessus: Archives Départementales de l'Allier Police des Etrangers Révision des naturalisations.


Le Garde des Sceaux Ministre Secrétaire d'Etat à la Justice écrit le 10 juin 1944 au Préfet de l'Allier qui écrit au Sous-Préfet de Montluçon qui lui répond le 21 juillet 1944. Le Préfet de l'Allier répond le 26 juillet 1944 au Garde des Sceaux en ces termes:
"Le nommé PESKINE Boris et sa famille jouissent d'une bonne considération, n'ont jamais fait l'objet de remarques défavorables et ne sont pas de confession israélite.
Je suis d'avis, en conséquence, qu'il n'y a pas lieu de leur retirer notre nationalité"
.



Boris PESKINE est arrêté au siège de la Gestapo de Vichy où il intervient pour faire libérer son employé Marcel DUBREUIL. A l'occasion d'un voyage du camion de l'usine à Vichy, il avait en effet confié une lettre au chauffeur pour ses amis FONTAINE.  Ceux-ci avaient fait l'objet d'une visite de la Gestapo le matin même, mais ils avaient pu s'échapper. Une souricière avait été installée par la Gestapo et c'est  le chauffeur qui a été arrêté. Selon la famille « la Gestapo a demandé à Boris de se présenter pour libérer le chauffeur et c'est ce qu'il a fait. Il a été arrêté et déporté ainsi que le chauffeur qui, lui, n'est pas revenu, tué dans un bombardement des alliés."

Il est interné à la Mal-Coiffée, prison militaire allemande à Moulins, puis il est transféré à Compiègne et déporté le 18 juin 1944 de Compiègne à Dachau par le convoi N° I.229. Il y reçoit le matricule N° 72847.

 
 
Source du document ci-dessus: Mémorial annuaire des Français de Dachau.

Source du document ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen 10238813.

Après la quarantaine, il est affecté au Kommando d'Allach.

Allach: Kommando de Dachau. Ce très important Kommando situé près de Dachau est créé le 17 mai 1944. Il fait travailler les détenus à différents projets et productions: d'abord pour une manufacture de porcelaine, ensuite pour la firme BMW, enfin pour divers chantiers de l'Organisarion Todt. Il compte jusqu'à 3850 détenus.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

 
Il est libéré le 30 avril 1945 à Allach et est rapatrié le 5 mai  1945.

A son retour il est accueilli par le maire de Commentry et une délégation de l'usine de décolletage.

Témoignage de la  famille et photo de Boris PESKINE prise quelque temps après son retour.

«C'est finalement le 11 mai que nous est parvenu un télégramme de Boris, à l'usine, annonçant qu'il allait arriver dans l'après-midi. Je me souviens qu'on a arrêté l'usine et que tout le monde s'est rendu à la gare de Montluçon (...) En fait c'est un train de plusieurs wagons de déportés de la région de Montluçon qui est arrivé et on a vu débarquer de ce train des gens en costume rayé, les uns dans un état à peu près normal, mais très maigres et sans blessures, dont Boris était, et les autres en très mauvais état ou même sur des brancards portés par des infirmiers."



Source du document ci-dessus à gauche: Archives Départementales de l'Allier Fonds Rougeron 26 J 228.
Source de la photo à droite: Archives de la famille.

Il décède le 31 octobre 1991 à l'Hôpital de Villejuif (94).

 
Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 1864 W 1, 654 W 7, Police des Etrangers Révision des naturalisations, Fonds Rougeron 26 J 228,

- Archives Départementales du Puy-de-Dôme 908 W 541

- Archives du camp de Dachau sur Ancestry.com et JewishGen.org

- Archives de la famille

- Archives Municipales de Commentry

- Archives Municipales de Moulins 5 H 81

- Bibliothèque Nationale de France sur site Internet Gallica naturalisations

- Etat civil de Paris (17ème) et de Villejuif (94)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial annuaire des Français de Dachau Amicale des Anciens de Dachau 1987

- Mémorial de la Shoah  CCCLXXVI-4

- Service International de Recherches d'Arolsen 10238813,

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