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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

GARRAUD André Michel René

Nous sommes à la recherche d'une copie de sa carte de Déporté. Merci de nous contacter:

afmddelallier@orange.fr


est né le 20 octobre 1907 à Diou (36). Son père Michel est instituteur et sa mère Renée née BUQUET est sans profession. Ils sont domiciliés à Diou.

Le 29 août 1932 il épouse Andréa née ALLIN à Niort (79) et ils ont deux enfants.

Il est nommé lieutenant de gendarmerie le 25 décembre 1934.

Il est promu capitaine le 25 septembre 1939.

Source de la photo ci-contre: Archives de la famille.


En août 1939 à la Mobilisation il est affecté au Commandement de la 1ère Compagnie de Mitrailleuses du 52ème Bataillon de Mitrailleuses Motorisé formé à Lille. Il participe aux combats à Esch-sur-Alzette (Luxembourg), à Longwy (54), Noyon (60), Verberie (60), Baron Nonette (60), Bonny-sur-Loire (45) et Nouan-le-Fuzelier (41). Il rejoint ensuite son poste dans la Garde Républicaine le 16 août 1940.

En septembre il est affecté à Vichy (03) où il commande un escadron chargé de la surveillance de l'Hôtel du Parc, résidence du Maréchal PÉTAIN.

Après un bref séjour à Montbrison, il est affecté pendant un mois à la surveillance du Château de Bourrassol près de Riom (63), château où sont internés entre autres Léon BLUM et Edouard DALADIER. Puis il retourne à Vichy.

Document ci-contre: Carte d'identité du Secrétariat Général à la Police délivrée à André GARRAUD le 17 décembre 1943 à Vichy. Source: Archives de la famille.


Selon Pierre Accoce dans «Les gendarmes dans la Résistance», le Chef d'Escadron Rémi ROBELIN, sous-directeur technique de la Garde et membre de l'ORA (Organisation de Résistance de l'Armée), est chargé, de «faire de la Garde un outil au service de la Résistance». Il «s'entoure d'un groupe de gradés de la Garde dont il connaît le passé, dont les opinions le rassurent».

Parmi ceux-ci figure André GARRAUD.

Le 7 juillet 1944, suite aux arrestations de 3 gradés de la Garde dont Rémi ROBELIN et Francis MORAND, le général Jean PERRÉ, directeur général de la Garde, réunit l'état-major de la sous-direction technique à l'Hôtel Radio.

L'hôtel sera cerné par des agents de la Gestapo et les troupes de Jany BATISSIER, commissaire de police passé à l'ennemi.

7 officiers de la Garde sont arrêtés dont Jean DELMAS, André GARRAUD, André GRANGE et Jean LACROIX. Ils sont transférés le 9 juillet à la caserne d'Assas rue Pélissier à Clermont-Ferrand.

Le 20 août 1944 il est déporté de Clermont-Ferrand au camp de concentration du Struthof-Natzweiler dans le convoi N° I.275.


Source du document ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen  3169214.

Il y reçoit un premier matricule, le N° 26538. Il n'y reste que très peu de temps, car, face à l'avance des troupes alliées, le camp de concentration du Struthof est évacué.

André GARRAUD fait partie du convoi arrivé le 4 septembre à Dachau et reçoit le matricule N° 99169.

Mémorial annuaire des Français de Dachau

Source: Mémorial annuaire des Français de Dachau

Il est ensuite transféré au Kommando d'Allach.


Allach: Kommando de Dachau. Ce très important Kommando situé près de Dachau est créé le 17 mai 1944. Il fait travailler les détenus à différents projets et productions: d'abord pour une manufacture de porcelaine, ensuite pour la firme BMW, enfin pour différents chantiers de l'organisation Todt. Il compte jusqu'à 3850 détenus. 
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Il y est libéré le 30 avril 1945 et est rapatrié sur Paris où il passe à l'Hôtel Lutetia le 14 mai 1945.


Source du document ci-dessus: Archives de la famille.

Source des documents ci-dessus: Copyright AFMD 75.

Selon une fiche de renseignements de la Gendarmerie Nationale en date du 22 février 1946, André GARRAUD a été arrêté le 7 juillet 1944 et déporté en Allemagne (camp de DACHAU) pour
- atteinte à la sécurité des troupes allemandes (Passage de la Garde à la Résistance)
- complot contre la sûreté de l'Etat Français en la personne de DARNAND.

Selon l'attestation du Chef d'Escadron André BOUCHARDON, "Le Capitaine GARRAUD en collaboration avec le Commandant LACROIX et le Lieutenant-Colonel MARTY de l'Ecole de la Garde à Guéret (Creuse) a pu récupérer et dissimuler aux Allemands du matériel automobile (camions-ambulances, camions-ateliers, deux voitures radio E.R. 26 Ter,etc...).
D'autre part, le Capitaine GARRAUD avait été chargé par le Lieutenant-Colonel ROBELIN de prendre , en compagnie du Capitaine MORAND, des contacts fréquents à Royat (Puy-de-Dôme) avec le Chef d'Escadron de COURSON de VILLENEUVE dit PYRAMIDE (arrêté et fusillé par les Allemands en juillet 1944) ".

Il réintègre la Gendarmerie et repasse Chef d'Escadron le 1er octobre 1949.

Note: Le Capitaine GARRAUD avait été promu au grade de Chef d'Escadron le 22 août 1944. Le Gouvernement Provisoire de la République Française par le décret en date du 4 octobre 1944 avait annulé "les nominations et promotions prononcées depuis le 8 novembre 1942 par l'autorité de fait se disant Gouvernement de l'Etat Français".

Il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur le 15 décembre 1953.

Il est promu lieutenant-colonel le 1er janvier 1960.

Il décède le 15 juin 1979 à Blou (49).

Annexe:
Le 19 juillet 1945
Gendarmerie Nationale                                                                                                                                                                                
Garde Républicaine
4ème Légion
RAPPORT
du Chef d’Escadron GARRAUD de la 4ème Légion
de la GARDE RÉPUBLICAINE
sur les circonstances de son arrestation.

Référence : C.M. 26.273/Gend/PEC du 23 mai 1945.

A. L’ARRESTATION
Le 6 juillet 1944 dans l’après-midi le Capitaine MORAND de la Direction Générale de la Garde était arrêté à Clermont-Ferrand. Le même jour  le Lieutenant-Colonel ROBELIN et le Chef d’Escadron JEANDEL étaient arrêtés par la Gestapo.
Le 7 juillet tous les officiers de la S/Direction Technique étaient arrêtés à leur tour, c’est-à-dire
Chefs de Bataillon LACROIX
                             THARAUX
Chefs d’Escadron   COMEMALE
                             DELMAS
Capitaines             GRANGE   
                             PUTHOSTE
                             GARRAUD
En même temps étaient arrêtés
Le Chef d’Escadron HURTREL et le Lieutenant BERTRAND, tous les deux de la Garde Personnelle du Chef de l’Etat
Le Chef d’Escadron BOUCHARDON et le Lieutenant DUPONT du Groupement de la Garde de Vichy et M. LÉVY, secrétaire du Cabinet du Général.     
L’arrestation a été opérée par des policiers allemands en civil qui agirent alors que l’Hôtel était déjà cerné par certains d’entre eux.
Les mesures suivantes avaient été prises :
a) Renforcement des troupes en armes de la Gestapo à son siège
b) Convocation du Général directeur au cabinet de DARNAND
c) Réunion de tous les officiers de la Garde se trouvant à Vichy par M.COULON, chargé du maintien de l’ordre à Vichy.
Ce qui prouve qu’il y avait entente préalable entre la Milice et la Gestapo.
Immédiatement incarcérés au siège de la Gestapo 127 Boulevard des Etats-Unis à Vichy, nous devions être transférés à la Prison Militaire de Clermont-Ferrand le 6 juillet 1944.
Interrogés séparément par la Gestapo à Royat malgré les tortures infligées, les Allemands ne purent savoir quelle était exactement l’action des officiers arrêtés. LÉVY fut mortellement frappé. Le Lieutenant-Colonel ROBELIN fut transféré à Vichy fin juillet.

B. CAUSES DE L’ARRESTATION 
Les chefs d’accusation étaient les suivants :
1) Atteinte à la sûreté des troupes allemandes
2) Complot contre la sûreté de l’Etat Français
3) Appartenance à l’O.R.A.

C. ACTION DE LA S/DIRECTION TECHNIQUE
1- Projets : Le Lieutenant-Colonel ROBELIN avait effectivement l’intention de passer à l’action le moment venu. Il projetait en effet 
a) de supprimer la tête de la Milice (DARNAND et son Etat-Major)
b) de détruire les unités de la Milice cantonnées à Vichy
c) de faire passer tous les Escadrons de la Garde à la Résistance en cas de succès ou d’échec.
Il n’avait confié ses projets qu’à de rares officiers sous ses ordres. Les autres officiers se doutaient qu’une action se préparait, mais il n’a pas été possible de mettre tous les camarades au courant.
2- Préparation
a) Groupement des Escadrons à Vichy, Limoges et Lyon par action personnelle du Lt.Colonel ROBELIN auprès des officiers de la SECTION TECHNIQUE du MAINTIEN de l’ORDRE.
b) Reconnaissance des différents points sensibles. J’ai été personnellement chargé de la reconnaissance des locaux de la GESTAPO 127, Boulevard des Etats-Unis à Vichy et du Château des Brosses où se tenait la plus grosse unité de la Milice.
c) Sondages opérés dans les unités pour savoir l’esprit de la Garde de Vichy. J’ai personnellement diné avec tous les Commandants d’Escadrons à leurs popotes. J’étais le plus souvent accompagné de M. de THORÉ, sous-directeur administratif. Le lendemain, je faisais part de mes impressions au Lt.Colonel ROBELIN. 
d) Camouflage de matériel en ne le signalant pas au Cabinet DARNAND. En ce qui me concerne, matériel automobile, essence, munitions, postes de T.S.F.
e) Liaisons
 - avec le chef de service des Renseignements de Clermont (Capitaine MERCIER) par le Lt-Colonel ROBELIN qui voyait également le Colonel FRIESS (décédé à Dachau)
- avec le chef régional de la Résistance (Chef d’Escadron de COURSON de VILLENEUVE dit « PYRAMIDE ») par l’intermédiaire du Capitaine MORAND. C’est d’ailleurs au cours d’une liaison qu’il a été arrêté.
- avec l’Afrique du Nord par l’intermédiaire du capitaine MERCIER.

3 ) Les causes officiellement annoncées
 ne sont pas les seules, l’arrestation semble avoir été décidée par suite 
a) de la haine de la Milice pour la Garde qui, par sa passivité, faisait échouer de nombreuses opérations
b) du refus de certains officiers de la Garde d’opérer de concert avec les troupes de la Milice
c) du freinage systématique par le Lt-Colonel ROBELIN en ce qui concerne la participation de la Garde aux opérations
d) de l’action de certains officiers de l’arme qui, par ambition ou jalousie, auraient voulu remplacer les officiers en place. A ce sujet, le Lt-Colonel ROBELIN me parlait souvent de l’action néfaste du Lt-Colonel BOUVET qui, remis à la disposition de son arme, fut réintégré ensuite par ordre de DARNAND. Le Lt-Colonel BOUVET aurait tenu des propos que le Chef d’Escadron, alors détaché à la S.T.M.O., pourrait rapporter.

Note de l’AFMD de l’Allier: S.T.M.O. : Service Technique du Maintien de l’Ordre.

Il serait bon également sans que je puisse apporter de preuves de voir l’action du Colonel MAHUET, commandant la Garde de Limoges. C’est de Limoges et sous la signature de de VAUGELAS, chef de la Milice de la région, qu’est parti le 1er rapport contre la Direction. Le Lt.Colonel ROBELIN me parlait fréquemment de l’ambition du Colonel MAHUET qui voulait remplacer le Général PERRÉ et qui était « en dehors de la main ? », c’est-à-dire qui exécutait trop ponctuellement les ordres de de VAUGELAS avec lequel il sympathisait.
e) Passage prématuré à la résistance de l’Ecole de la Garde à Guéret et à Vals-les-Bains.

D. SORT DES DIFFÉRENTS OFFICIERS
Le 20 août 1944 étaient libérés de la prison de Clermont-Ferrand
le Chef de Bataillon THARAUX en très mauvais état physique à la suite des tortures subies et intransportable
les Chefs d’Escadron JEANDEL, COMEMALE, HURTREL
les Capitaines PUTHOSTE, DUPONT
le lieutenant BERTRAND.

Etaient donc déportés
Chef de Bataillon LACROIX
Chefs d’Escadron DELMAS, BOUCHARDON
Les Capitaines MORAND, GRANGE (qui réussit à s’évader à Beaune), GARRAUD
Les déportés furent dirigés sur le camp de Natzweiler (arrivée le 30 août), puis Dachau (arrivée le 7 septembre).
Le Lt.Colonel ROBELIN n’a pas été déporté, mais étant donné les témoignages recueillis il semble bien que son état de santé laissait prévoir une fin prochaine dès le 19 août 1944. En effet il était à cette date dans les locaux de la Gestapo à Vichy. Il était atteint de gangrène à la cuisse droite et les allemands le soignaient avec des ampoules de 100cc de sérum. A cette date il quitta sa cellule sur un brancard pour, dirent le policiers, être confié à un hôpital de Vichy.

Source du Rapport: Archives de la famille.

Note de l'AFMD de l'Allier: Le Lieutenant-Colonel ROBELIN, né le 4 octobre 1906 à Dijon (21), est officiellement décédé le 19 août 1944 à Vichy (03). Son corps ne sera jamais retrouvé.
"Mort pour la France"

Sources:

- Accoce Pierre Les gendarmes dans la Résistance Presses de la Cité 2001

- Archives Départementales de l'Allier 1580 W 8

- Archives Départementales du Puy-de-Dôme 908 W 168

- Archives de la famille

- Etat civil de Diou (36)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial annuaire des Français de Dachau Amicale des Anciens de Dachau 1987

- Service Historique de la Défense Département Gendarmerie

- Service International de Recherches d'Arolsen  3169214,


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