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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 
BACHOLIER Roger
 
 

est né le 3 janvier 1914 au domicile de ses parents rue du Marché au Blé à Cusset (03). Son père Etienne est charretier et sa mère Anne née RUET est sans profession.

Classé service auxiliaire , puis en 1939 en affectation spéciale il est démobilisé le 21 juillet 1940.

Célibataire ouvrier monteur en chauffage il est domicilié rue des Rosiers à Cusset (03).

Il part en Allemagne au titre du S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) de juillet 1943 à mars 1944. Revenu en permission il ne retourne pas en Allemagne.

Source de la photo ci-contre: Archives de la famille

Mais il quitte Cusset pour aller chercher du travail à Clermont-Ferrand (63) sous une fausse identité: Albert MOUSSIER (voir fausse carte ci-contre). Il loge dans un petit hôtel avec un copain, Albert LOUIS.

C'est par un hasard malheureux qu'il est arrêté par la Gestapo le 5 mai 1944 dans ce petit hôtel. La Gestapo a arrêté les propriétaires pour faits de résistance, mais a laissé – selon le scénario habituel- un des leurs au cas où quelqu'un se présenterait. Roger tombe dans la souricière en venant chercher ses affaires. Ses papiers d'identité qui sont faux sont contrôlés.

Archives de la famille
 
Il est alors transféré au siège de la Gestapo avenue de Royat où il est interrogé par le traître Georges MATHIEU, puis interné à la prison du 92ème RI. Le 18 mai il part en train pour Compiègne avec 50 autres prisonniers, menottés deux par deux.
 

Le 4 juin 1944 il est déporté de Compiègne à Neuengamme par le convoi N° I.223. Il y reçoit le matricule N°33687.


Source du document ci-dessus: Service International de Recherche d'Arolsen 1.1.30.1 / 3420950.

Après la quarantaine le 6 juillet Roger fait partie du groupe d'environ 1000 déportés qui sont transférés à Sachsenhausen où ils sont ré immatriculés. Roger reçoit le numéro 84663.
Le 21 avril 1945 il est évacué de Sachsenhausen par marches forcées.

L'évacuation de Sachsenhausen (que les déportés appelaient Sachso) telle que Roger BACHOLIER l'a vécue et l'a consignée par écrit sur un petit carnet peu de temps après son retour.

«21 avril départ de Sachso

24 avril arrivé à Wittstock

25 départ à 20 heures pour rejoindre les autres du camp et camper dans le bois de Below où nous étions 30000 avec rien à manger, car nous avions rien touché depuis notre départ de Sachso si bien qu'on trouvait plus une seule herbe dans le bois.

Le 28 au matin heureusement que la Croix Rouge nous a rejoint dans l'après-midi et fait une distribution de colis car nous étions à bout. Toute la journée une corvée passait dans l'allée principale du bois pour ramasser les cadavres.
 
 
Archives de la famille
 

Beaux résultats de ces salauds de SS qui pas contents de cela ils tiraient encore dessus à coups de fusil quand on passait la limite prévue pour ramasser une herbe ou un morceau de bois. Affreux les instants que nous avons subi en route. Lorsqu'un camarade ne pouvait plus suivre par la fatigue on l'aidait de notre mieux mais comme il arrivait souvent qu'il pouvait plus du tout marcher et comme on était incapable de les porter on était obligé de les laisser sur le bord de la route. C'était dur pour nous quand nous avions fait quelques mètres d'entendre la détonation finale. Il avait une balle dans la tête par le SS commandant la colonne et tout le long de la route on voyait les cadavres des colonnes qui avaient passé devant nous. Triste spectacle des centaines et des centaines ont perdu la vie dans cette condition si près de la liberté alors on avait pas le choix ou la mort ou la souffrance de la marche qu'il fallait oublier en ayant bon moral chose que j'ai toujours conservé et qui m'a sauvé la vie

Le 29 au réveil départ à nouveau pour une destination inconnue car je suis pas parti ayant eu vent que les malades restaient dans le prochain village situé à 2 kilomètres j'ai réussi à passer avec eux car je pouvais plus marcher ayant les deux chevilles en sang par le frottement de mes tiges de galoches au cours de la dernière étape que j'ai dû faire pieds nus. Arrivés dans le village ils nous ont installé dans des granges et toute la journée on dormait on a touché un autre colis Croix Rouge et les patates étaient à volonté dans les silos des fermes mais nos estomacs refermés refusaient de digérer ce que l'on mangeait car nous avions faim et on voulait manger aussi nous étions presque tous malades.

Le 2 mai arrivée des Russes dans le village et retour à la liberté car les SS qui nous gardaient étaient partis depuis la veille déjà alors on a commencé par tordre le cou aux poules et aux lapins et à faire des petits repas qui digéraient mieux.

Le 7 mai tous ceux qui se sentaient capables de faire les 15 kilomètres à pied pour rejoindre Wisttock afin d'être rapatriés pouvaient partir. Alors j'ai pris la route avec cinq autres camarades, mais en arrivant à Wisttock il n'y avait rien d'organisé. Il fallait continuer la route par nos propres moyens et comme on n'en était pas capables on a dû se résigner à rester ici pour prendre un peu de force. Nous avons pris le logement d'un Allemand qu'on a passé à la porte avec l'aide d'un soldat russe. Puis on a fouillé toute la maison pour ramasser tout ce qui se mangeait et ensuite je me suis mis en devoir de faire la croûte. Les repas étaient copieux. Aussi nous avons repris de la mine en vitesse et la force suffisante pour pouvoir …. la route.

Le 20 centre de rassemblement.

Le 21 départ du centre pour Pritzwalk.

Le 24 départ de Pritzwalk pour Parchim arrivé à 12 heures départ à 19 heures avec les Américains

Arrivé à 24 heures dans un camp près de Lübtheen

Le 26 départ de Lübtheen à 13 h 30 arrivé à Lunebourg à 16 heures où on a été bien reçus pain blanc, 3 tranches de singe, confiture et margarine.

Le 27 départ à 18 heures de Lunebourg arrivé le 28 à 1 heure à Bassum

Le 28 départ de Bassum à 16 heures arrivé à Kerelaere à 6 heures le 29

Le 29 départ de Kerelaere à 13 heures passe la frontière à Gennep (Hollande), frontière belge à Eindhoven».

Il rentre à Cusset le 4 juin 1945.

Le 18 janvier 1947 il épouse Marie RIGOLET à Cusset (03).

Il adhère à l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier.

La carte de Déporté Politique N° 1.111.03006 lui est attribuée sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du  13 novembre 1952.
 

Source du document de gauche: Archives de l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier.

Source du document de droite: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand.

 
Il décède le 10 juin 1978 à Vichy (03).
 

Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 1864 W1

- Archives de la famille

- Archives de l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier.

- Archives Municipales de Cusset

- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand

- Etat civil de Cusset (03)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial des Français Déportés à Neuengamme Amicale de Neuengamme
 
- Service International de Recherche d'Arolsen 1.1.30.1 / 3420950


 
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