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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

SCHLAYER née LECERF Delphine Marie Denise

 

est née le 17 août 1891 au domicile de ses parents au 57, Boulevard Magenta à Paris (10ème). Son père Jules et sa mère Maria née CHARBONNIER sont concierges.

Le 23 octobre 1926 elle épouse Lucien SCHLAYER à Nice (06).

Veuve elle est domiciliée 36, rue Salignat à Vichy (03).

Source de la photo ci-contre: Archives de Paris 3595 W 54.

 


Elle entre au réseau "Alliance" le 1er février 1942 comme agent P2: renseignements, liaison du Général RAYNAL et boîte aux lettres.

Réseau «Alliance»: cet important réseau de renseignement essentiellement militaire- mais aussi filière d'évasion- est créé en avril 1941 par le commandant Georges Loustaunau-Lacau.

D'abord pétainiste, puis giraudiste, il va finalement se rallier au général De Gaulle début 1944. Il est dirigé par Marie-Madeleine Fourcade et le commandant Faye.

Source: Dictionnaire Historique de la Résistance.


 

Son ami Antoine BARBERIS avec qui elle est arrêtée par la Gestapo le 13 août 1943 à Vichy est artiste décorateur. Il fabrique de faux papiers. Il est dénoncé par un collaborateur notoire de la Gestapo.

Elle est transférée à la Mal-Coiffée, prison militaire allemande à Moulins (03), où elle est internée jusqu'à la fin décembre 1943.

Le 31 janvier 1944 elle est déportée de Compiègne à Ravensbrück où elle arrive le 3 février dans le convoi N° I.175. Elle reçoit le matricule N° 27541 et reste au camp central de Ravensbrück.

 
Le camp de Ravensbrück

Situé à 80 Km au nord-est de Berlin près du lac de Furstenberg, il reçut un premier convoi de 867 femmes le 13 mai 1939.

Ce camp pour femmes était très cosmopolite – 23 nationalités y étaient représentées- mais aussi très «rentable», car les déportées étaient louées 5 à 7 marks par jour aux usines Siemens et Industriehof, installées à proximité et la durée du travail pouvait atteindre 12 voire 14 heures par jour.

Quand elles ne mouraient pas d'épuisement, «la mort lente», les femmes étaient soumises à des exécutions sommaires, des expériences médicales: infection par staphylocoques, gangrène gazeuse, vivisection, stérilisations y compris sur des fillettes.

Même les femmes enceintes étaient déportées à Ravensbrück. Les médecins S.S. reçurent en 1942 l'ordre de faire avorter toutes celles dont la grossesse était inférieure à 8 mois. En 1943 l'un de ces tortionnaires, le docteur Treite, jugea préférable d'attendre l'accouchement et de faire étrangler ou noyer l'enfant en présence de la mère. A la fin de la même année une nouvelle décision permit de laisser la vie aux nouveaux-nés, mais rien n'était prévu pour les accueillir.

De 1943 à 1945 sont nés 863 enfants à Ravensbrück, presque tous morts de faim et de froid.
Source: Le grand livre de la Déportation F.N.D.I.R.P. 1968

Elle fait partie des 301 femmes libérées le 9 avril 1945 par le Comité International de la Croix-Rouge en échange d'internés civils allemands qui ont été renvoyés par la France le 7 avril et dont le nombre n'est pas connu.

L'échange a lieu à la frontière germano-suisse à Kreuzlingen. Denise SCHLAYER a le numéro 156 sur la liste.
 
Source: Archives Fédérales Suisses

Extrait de la liste des déportées évacuées de Ravensbrück par la Croix Rouge le 9 avril 1945. Liste transmise par les Archives Fédérales Suisses.

Elles font le trajet de Ravensbrück à Kreuzlingen en camion, puis de Kreuzlingen à Annemasse en train le 11 avril à 1 h 30 du matin.

Marie-Madeleine FOURCADE, chef du réseau Alliance, lui délivre le 14 février 1951 l'attestation suivante: «Membre active du Réseau Alliance, Madame veuve SCHLAYER Delphine, fut arrêtée par la Gestapo le 13 août 1943, suite à la dénonciation d'un agent double entièrement à la solde de l'ennemi, pour aide aux puissances alliées et espionnage et agent de liaison du Général RAYNAL du secteur de Vichy».

Au réseau "Alliance" elle avait le grade de chargé de mission de 3ème classe correspondant à celui de sous-lieutenant.

Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 348951), elle est homologuée en tant que Résistante au titre des F.F.C (Forces Françaises Combattantes) et des D.I.R. (Déportés et Internés Résistants).

La carte de Déporté Résistant N° 2.001.05460 lui est attribuée sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 16 août 1951.


Source du document ci-dessus: Archives de Paris 3595 W 54.

Elle décède le 6 janvier 1956 à Paris (15ème).


Note: Son ami Antoine BARBERIS né le 23 septembre 1879 à Moulins (03) est déporté le 17 janvier 1944 à Buchenwald dans le convoi N° I.171. Matricule N° 40294. Il décède à Buchenwald le 20 avril 1944.
 
Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 1580 W 9

- Archives Départementales du Puy-de-Dôme 908 W 168

- Archives de Paris 3595 W 54

- Bureau des Archives des Victimes des Conflits Contemporains

- Dictionnaire historique de la Résistance sous la direction de François Marcot  Robert Laffont 2006

- Etat civil de Paris (10ème)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Rapport du Comité International de la Croix Rouge sur l'évacuation de déportées de Ravensbrück le 9 avril 1945 (transmis par les Archives Fédérales Suisses)

- Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 348951)
 
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