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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 
ABADA Roger Henri Joseph

Nous sommes à la recherche d'une copie de sa carte de Déporté. Nous contacter:
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Source : Le convoi du 6 juillet 1942 de Claudine CARDON-HAMET

est né le 22 décembre 1920 au 4, Place Defly à Nice (06). Son père Adrien est employé d'administration et sa mère Thérèse née HEITZLER est couturière.

Il vient habiter à Moulins 8, rue des Couteliers en 1935 avec sa mère, ses frères et ses sœurs.

Il travaille aux  Etablissements  BARDET. Communiste  depuis  1936, il est  membre du Bureau  Fédéral  des Jeunesses Communistes de l'Allier. Il constitue un groupe de résistance, imprime des tracts et fréquente le groupe de Républicains Espagnols.

 Source de la photo: © Le convoi du 6 juillet 1942 de Claudine CARDON-HAMET
 

La famille HEITZLER est sous surveillance de la police, car, selon le commissaire de police, bien que, « depuis l'Occupation elle ne manifeste plus, du moins au grand jour, aucune action à tendance extrémiste, (…) cette famille a manifesté avant la guerre des sentiments communistes acharnés et elle était le centre d'une propagande extrémiste active». Le 19 mai le commissaire propose au préfet d'effectuer une perquisition au domicile de la famille "en vue d'y découvrir tous documents ou objets suspects concernant la Sûreté Nationale". La perquisition qui a lieu le 27 mai  ne donnera rien.

Il est arrêté –ainsi que son demi-frère, René HEITZLER-  à son domicile le 4 juillet 1941, peut-être suite à la rupture du Pacte Germano-Soviétique. Selon l'enquête de la police « le domicile de sa mère (militante d'extrême-gauche) servait, à l'époque, de relais et de boîte aux lettres aux résistants communistes». D'abord interné à la Mal-Coiffée, prison militaire allemande à Moulins, il est ensuite transféré à Compiègne (60).

Entre fin avril et fin juin 1942, il fait partie du groupe de 1100 otages désignés comme communistes et une cinquantaine d'otages désignés comme juifs. Il s'agit selon le livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation d' «un convoi de représailles formé, à l'origine, par l'administration militaire allemande afin de dissuader les dirigeants et les militants communistes de poursuivre la guérilla urbaine, commencée en août 1941, sous la forme d'attentats contre des officiers et des troupes d'occupation».

Le 6 juillet 1942 il est l'un des 1170 hommes déportés de Compiègne à Auschwitz où ils arrivent le 8 juillet dans le convoi N° I.42.

Ce convoi est particulier:

- C'est le premier à partir de Compiègne.

- Il est le premier des 3 transports de déportation de répression à avoir été dirigé sur Auschwitz-Birkenau.

A Auschwitz Roger ABADA reçoit le matricule N° 45157 qui sera tatoué sur son avant-bras gauche.
 

Affecté au Block 22 du camp principal, il travaille dans divers kommandos (portage de matériaux de construction, serrurerie, garage des voitures SS). Atteint par le typhus, il est admis à l'infirmerie entre septembre et décembre 1942.

Membre du triangle de direction du groupe français de Résistance, Roger ABADA assure la liaison du groupe français avec le Comité International créé par les communistes autrichiens. Pour des questions de sécurité il n'y a que des communistes dans l'organisation clandestine.
 
 Selon Claudine CARDON-HAMET, en mars 1943, 86 % des hommes de ce convoi qui ont été  immatriculés neuf mois plus tôt sont décédés. Les causes en sont multiples: l'esclavage, la sous-alimentation, les coups, les maladies, les sélections,  le désespoir. 

À la mi-août 1943, il fait partie des "politiques” français rassemblés (entre 120 et 140) au premier étage du Block 11 - la prison du camp - pour une "quarantaine”. Exemptés de travail et d'appel extérieur, les "45000” sont témoins indirects des exécutions massives de résistants, d'otages polonais et tchèques et de détenus du camp au fond de la cour fermée séparant les Blocks 10 et 11. Le 12 décembre 1943, à la suite de la visite du nouveau commandant du camp, Arthur Liebehenschel, et après quatre mois de ce régime qui leur a permis de retrouver quelques forces, physiques et mentales, ils sont pour la plupart renvoyés dans leurs Blocks et Kommandos d'origine.

Le 3 août 1944, il est parmi les trois-quarts des "45000” présents à Auschwitz qui sont de nouveau placés en "quarantaine”, au Block 10, en préalable à un transfert.

Le 7 septembre 1944 , il est dans le petit groupe de trente "45000” transférés  au KL Gross-Rosen, dans la région de Wroclaw. Il travaille dans un atelier de matériel électrique.

En février 1945, il est parmi les quinze "45000” évacués vers Dora-Mittelbau et répartis dans différents Kommandos. Roger ABADA est affecté au Kommando de Nordhausen où il reçoit un nouveau matricule, le N° 40965.
 
Nordhausen: Kommando des KL Buchenwald-Dora. Ce Kommando est situé à quelques kilomètres de Dora et il fonctionne au service d'entreprises de la ville. Les détenus sont logés à la BoelckeKaserne où on regroupe de plus en plus en 1945 des détenus inaptes au travail, extraits d'autres Kommandos comme celui d'Ellrich.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Le 5 avril, il profite des bombardements de l'aviation alliée sur le camp pour s'évader. Dans une maison vide, il trouve des vêtements civils et fait office d'infirmier dans un bâtiment de fortune. 
 
Le 11 avril, l'avant-garde de l'armée américaine passe rapidement sur la route : il est libre. Il traverse alors la ville de Nordhausen et retourne au camp de  Dora où il retrouve des camarades de son convoi.

Sur les 1170 hommes immatriculés à Auschwitz le 8 juillet 1942 il ne reste, en mai 1945, que 119 survivants.
 
Mais son retour est retardé par un début de gangrène, soigné à Dora dans un hôpital de campagne. Il regagne la France par avion, le mardi 24 avril, et commence sa convalescence au camp de Mourmelon, puis regagne Paris le 11 mai 1945.

Le titre de déporté résistant lui a été attribué. Selon le Service Historique de la Défense GR 16 P 38, il est homologué en tant que résistant au titre de la R.I.F. (Résistance Intérieure Française) et des D.I.R. (Déportés et Internés Résistants).

 Dans les années 1950, il rédige un récit de son activité au sein du Comité international de résistance à Auschwitz pour le Musée d'Etat d'Auschwitz-Bikenau.

Le 28 janvier 1950 il épouse Virginie MILESI à Nice (06).

Son premier mariage ayant été dissous, il épouse Lucette MEDIGOVITCH le 30 juin 1961 à Paris (13ème).

Il décède à Paris (5ème) le 4 septembre 1987.
 

Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 1289 W 32.2, 1580 W 7,
 
- Biographie transmise pour partie par Robert Fallut

- Cardon-Hamet Claudine Les «45000» Mille otages pour Auschwitz Le convoi du 6 juillet 1942 Editions Graphein 1997

- Etat civil de Nice (06)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémoire Vive des convois des 45000 et des 31000 d'Auschwitz-Birkenau

- Service Historique de la Défense GR 16 P 38
 
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