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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
   RISPAL Charles
 
 
Archives de la famille

Charles RISPAL est né le 20 avril 1893 au lieu-dit Chazelles, commune de la Monselie (Cantal). Son père Jean et sa mère Gabrielle née DUMAS sont agriculteurs.
Incorporé le 27 novembre 1913 au 92ème Régiment d'Infanterie il est classé Service Auxiliaire et passe à la 13ème Section de Secrétaires d'Etat Major, puis au 2ème Groupe d'Aviation. Il est mobilisé le 2 août 1914 et démobilisé le 29 août 1919.

Le 12 juillet 1916 il épouse Marie-Thérèse LAPEYRE à Cindré (03).

Source de la photo: Archives de la famille.


Professeur à l'Ecole Primaire Supérieure de Mende (Lozère) jusqu'en 1931,il est alors nommé à Moulins (Allier), plus précisément à l'Ecole Pratique annexée au Lycée Banville pour l'enseignement théorique. Il habite 86, rue de Lyon à Moulins.

En 1939, la situation de Charles RISPAL est la suivante: professeur de l'enseignement technique, adhérent à l'Union Locale C.G.T. de Moulins, franc-maçon dignitaire du Grand Orient de France de la Loge Equerre à Moulins  et de la Loge La Cosmopolite à Vichy.
 
Extrait du registre matricule de la Loge Equerre:

"Initié au grade d'apprenti le 17 juillet 1920 à La Cosmopolite-Vichy

         au grade de compagnon le 20 avril 1921 à La Cosmopolite-Vichy

         au grade de Maître le 26 mars 1922 à La Cosmopolite-Vichy

Affilié à la R.°.L.°. Equerre le 1er janvier 1929"
 
Source: Loge Equerre Moulins
 
Or le régime de Pétain impose la dissolution des sociétés secrètes, interdit aux Francs-Maçons d'exercer toute fonction ou mission publique et oblige les fonctionnaires à déclarer par écrit et sur l'honneur leur non-appartenance. La loi du 11 août 1941 ordonne même la publication au Journal Officiel des noms des dignitaires ayant un grade supérieur à celui de maître ou ayant exercé leurs fonctions entre 1920 et 1940.

L'extrait ci-dessous de la "Liste par obédience des dignitaires (hauts gradés et officiers de loges) de la franc-maçonnerie: Grand Orient de France" tirée du Journal  Officiel de l'Etat Français du 26 septembre 1941 page 4131, indique que le 30ème degré avait été conféré à Charles RISPAL, ce qui correspond à un grade très élevé.

JO  du 26 septembre 1941 page 4131
 
 Le professeur RISPAL s'engage très tôt dans la Résistance: « D'origines maçonniques et ayant débuté fin 1940, le réseau "Patriam Recuperare "  faisait du renseignement. Charles RISPAL en était le correspondant à Moulins». (G. Rougeron Le département de l'Allier sous l'Etat Français, 1969)

Le réseau "Patriam Recuperare" s'est rallié très tôt au Général De Gaulle "considérant que les hommes réunis autour du général de Gaulle ont,en juin 1940, puissamment contribué à sauver l'honneur de la France, assuré les seules chances de relèvement qui lui restaient et rendu possibles et efficaces les efforts de résistance des patriotes restés en territoire national".
Source de la citation: Historique sommaire du Groupe de Résistance Patriam Recuperare.

 

En 1941, il est mis à la retraite d'office pour son appartenance à la franc-maçonnerie. Il devient alors représentant, a un laissez-passer qui lui permet de se rendre en zone libre et serait «en relations avec des maisons de Marseille».

Selon ses collègues du Conseil Municipal, il appartient au Groupe Sud-Est de la Résistance-Fer- ce qui expliquerait ses déplacements à Marseille. Selon Gilles LÉVY et Francis CORBET dans A nous, Auvergne!, il fait partie du réseau «Alliance», réseau spécialisé dans la recherche du renseignement en particulier militaire. Mais son nom ne figure pas sur l'Appel des Morts du réseau "Alliance".

Il figure sur la liste des 11 personnes arrêtées par les services de sûreté allemands entre le 28 février et le 2 mars 1943 – quatre sont relâchées sur intervention du Préfet, les autres sont déportées. Selon le rapport de police, Charles RISPAL est arrêté en raison de son appartenance à la franc-maçonnerie et aussi pour avoir tenu des propos imprudents. Mais heureusement la police ne fait pas le lien avec ses activités de résistant.

Il est alors interné à la Mal-Coiffée d'où il est dirigé le 8 mars 1943 vers Compiègne.

Source du document ci-contre: Archives Municipales de Moulins 5 H 81.

Archives Municipales de Moulins 5 H 81

Il est déporté le 16 avril 1943 à Mauthausen où il arrive  le 18  dans le convoi N°I.93. Il y reçoit le matricule N°26196. Après la quarantaine, il reste au camp central de Mauthausen jusqu'au 8 août 1943, date à laquelle il est affecté au Kommando de Wiener Neustadt.

Wiener Neustadt: Kommando du KL Mauthausen. Ce Kommando situé dans l'usine "Rax Werke" à Wiener-Neustadt, en Basse-Autriche, connaît deux temps distincts. D'abord, le 8 août 1943, des détenus arrivent pour commencer la production en série d'éléments des fusées V2. Après les bombardements alliés, le camp est évacué le 17 novembre 1943, vers les Kommandos de Dora et Redl-Zipf. Ensuite, le 5 juillet 1944, de nouveaux détenus sont employés par la "Wiener Lokomotiv Fabrik" à la construction de tenders. Le camp est évacué le 1er avril 1945.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Le 30 octobre 1943 il est transféré au Kommando de Schlier.

Schlier ou Redl-Zipf: Kommando du KL Mauthausen. Ce Kommando est situé à Redl-Zipf, petit bourg agricole dépendant de la commune de Neukirchen-an-der-Vöckla, en Haute-Autriche. Les caves d'une brasserie réputée localement se révèlent le lieu favorable pour l'implantation d'une usine secrète pour la production de carburant pour les fusées V2, mais aussi pour la construction d'un centre d'essais, capable de tester les performances de chaque réacteur, avant de les expédier par le train vers les zones de tir sur les côtes nord-ouest de l'Europe. "Schlier" est le nom de code secret du site, ouvert en septembre 1943 et évacué le 3 mai 1945.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Le 8 décembre 1943 il est renvoyé au camp central de Mauthausen et est emmené, comme au moins 59 personnes du convoi I.93, au Château d'Hartheim en Autriche  pour y être gazé.C'est de cette façon que Charles RISPAL y décède le 31 juillet 1944.

Source de la photo ci-contre: Triebel Agnès Raconte moi…. La Déportation dans les camps nazis Collection du citoyen Nouvelle Arche de Noé éditions Paris 2003.

Raconte moi... La Déportation dans les camps nazis Agnès Triebel


Hartheim: Kommando du Kl Mauthausen. Ce château, situé à 27 km à l'ouest de Linz, est le centre d'extermination par gaz du camp de Mauthausen, et cela pendant quatre ans.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Il décède le 31 juillet 1944 à Hartheim (Autriche) selon l'état civil de La Monselie et le JO N° 117 du 21 mai 1998.

"Mort pour la France"

Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 512554), il est homologué en tant que Résistant au titre  des D.I.R. (Déportés et Internés de la Résistance).

La carte de Déporté Résistant N° 1.011.29030 lui est attribuée à titre posthume sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du  28 mars 1956.

Source du document ci-dessus: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand.

 
Le Préfet de l'Allier, M.FLEURY, qui ignore son assassinat, le nomme Conseiller Municipal de Moulins le 7 septembre 1944.
 

 

Le 14 juin 1946 le Conseil Municipal de Moulins à l'unanimité décide «de donner son nom à une rue qui lui était chère entre toutes, la rue Gaston».

Note de l'AFMD de l'Allier: l'atelier de la Loge Equerre se trouvait dans l'ex-rue Gaston.

Photo: AFMD de l'Allier.

Photo: AFMD de l'Allier

Son nom figure également sur la plaque dévoilée le 20 juin 2015 en mémoire et en l'honneur des 3 francs-maçons de la Loge Equerre " Morts en déportation".

Crédit photo: Dominique Boutonnet.

Son nom figure aussi sur une plaque à la Mairie de Moulins, à l'IUFM de Moulins ainsi que sur le Monument Départemental de la Déportation à Murat (Cantal) concernant l'arrondissement de Mauriac.

 
Sources:
 
Biographie réalisée en collaboration avec l'Office Départemental des Anciens Combattants de l'Allier

- Archives Départementales de l'Allier 1864 W 1, 996 W 1580.1,

- Archives Départementales du Cantal 1 R 1913.1711.1409

- Archives du camp de Mauthausen sur Ancestry.com  et JewishGen.org

- Archives du Grand Orient de France

- Archives de la famille

- Archives Municipales de Moulins 5 H 80, 5 H 81,

- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand

- Etat civil de La Monselie (15)

- Lévy Gilles et Cordet Francis A nous Auvergne Presses de la Cité Paris 1974

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Loge maçonnique «Equerre» Moulins

- Mauthausen Le Troisième Monument  Amicale de Mauthausen

- MemorialGenWeb  site Internet

- Rougeron Georges Le département de l'Allier sous l'Etat Français 1940-1944 Imprimerie Typocentre Montluçon 1969

- Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 512554)
 
- Triebel Agnès Raconte moi…. La Déportation dans les camps nazis Collection du citoyen Nouvelle Arche de Noé éditions Paris 2003
 
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