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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
BORDONAVA Joséphine
parfois orthographié BORDANAVA




est née le 28 mars 1924  à l’Hôpital  Civil de Vichy (03). Son père Thomas est manœuvre et sa mère Joséphine née ESTEVAN  est sans profession. Ils sont domiciliés à Bellerive-sur-Allier (03).

Elle entre au Foyer  du Rayon de Soleil à Cannes (06) le 28 décembre 1935  et en sort le 9 août 1939. Puis elle y entre  de nouveau  le 7 juillet 1941 et en sort le 1er août 1942, placée apparemment chez Madame SAUVAGEOT.

Source de la photo ci-contre prise en 1946: Archives de la famille.


Selon son témoignage, elle appartient au Service Social  du mouvement "Combat" de septembre 1942 à fin 1943 à Cannes (06), qu'elle doit fuir pour éviter d'être arrêtée par la Gestapo.  

Elle retourne à Marseille (13) et fait partie des M.U.R. (Mouvements Unis de Résistance) où elle est responsable du service social de fin 1943 au 1er mars 1944.

Mouvements Unis de Résistance: Les Mouvements Unis de Résistance (MUR- tout d'abord nommés MRU) naissent dans le cadre de la dynamique d'union impulsée par Jean Moulin. Ils résultent de la fusion, décidée le 26 janvier 1943, des trois grands mouvements de résistance non communiste de zone sud: Combat, Libération et franc-Tireur. L'originalité principale des MUR tient au fait que leur organisation, en grande partie calquée sur celle de Combat, sert de modèle de base aux services centraux de toute la Résistance intérieure progressivement rattachés au CNR. Le Noyautage des Administrations Publiques, l'Armée secrète ou le service social sont directement issus de services mis en place par les mouvements constituant les MUR et parfois dirigés par ceux-là mêmes qui en étaient responsables en leur sein.
En décembre 1943, dans l'espoir de pouvoir peser sur l'avenir du pays, les MUR se transforment en Mouvement de LIbération Nationale (MLN) en fusionnant avec trois mouvements de zone nord, Défense de la France, Résistance et Lorraine.
Source: John Sweets dans Dictionnaire historique de la Résistance.


Elle est arrêtée par la Gestapo le 1er mars 1944 par un hasard malheureux. En effet, selon l'attestation en date du 11 mars 1953 de Bernadette RATIER, responsable régionale, puis nationale  du Mouvement de Libération Nationale, " La Gestapo venue pour arrêter des Juifs qui habitaient auparavant le local service social est tombée sur notre agent de liaison Jean-Pierre qui avait sur lui tout le courrier de la région et sur Melle Bordanava pseudo "Séverine" qui préparait les colis des prisonniers et les enveloppes contenant la mensualité des familles et le courrier service social qu'elle avait préparé pour le remettre à Jean-Pierre. Le S.S. Marseille était à cette époque très recherché et tout le monde a été arrêté".

Note de l'AFMD: ci-dessus S.S. = Service Social.

Elle est transférée au N° 425, rue Paradis , siège de la Gestapo à Marseille, pour y être interrogée. Elle est ensuite internée à la prison des Baumettes à Marseille le 6 mars, puis au Fort de Romainville le 20 mai 1944.

Le Fort de Romainville

Ce fort militaire est situé sur la commune des Lilas en Seine-Saint-Denis au nord-est de Paris. Il accueille d'abord des prisonniers de guerre et des otages, dont certains seront fusillés au Mont-Valérien. Puis à partir de 1943 il devient l'antichambre de la déportation avant de servir de prison pour femmes en 1944.

Photographie, prise à la Libération, des casemates où étaient enfermés des détenus. Source: Les oubliés de Romainville un camp allemand en France (1940-1944) par Thomas Fontaine Editions Taillandier mai 2005.


Le 14 juin 1944 elle fait partie des 51 femmes  déportées de Paris gare de l’Est à Sarrebruck dans le convoi N° I.227. Elles sont internées au camp de Neue Bremm dans un premier temps. 

Elle fait partie du groupe de 46 femmes transférées à Ravensbrück le 23 juin. Elle reçoit le matricule N°43220.


Source du document ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen  7529401.

Le 22  août 1944 avec 21 de ses camarades elle est envoyée au Kommando de Leipzig qui dépend du camp de Buchenwald.

Kommando de Leipzig/Schönefeld  appelé aussi Hasag.qui dépend du camp de Buchenwald à compter du 1er septembre 1944. Le Kommando Hasag fut essentiellement composé de femmes de différentes nationalités.. Il fut dénommé d’après le nom de l’usine locale, l’usine Hasag appartenant à Hugo Schneider. L’usine avait été bombardée par les alliés au début de l’année 1944. L’objectif du Kommando fut donc la reconstruction de l’usine et la production de panzerfaust et d’obus. Les travaux de terrassement et de reconstruction furent accomplis par le premier convoi de femmes parti de Ravensbrück à la fin du mois de juillet 1944. Par la suite, les détenues furent affectées à la production militaire. L’ensemble de ces travaux étaient extrêmement pénibles , eu égard notamment au manque cruel de nourriture dont souffraient les détenues. Elles travaillaient en équipes de 12 heures, une semaine de jour et une semaine de nuit, sauf le dimanche. De manière concertée, les détenues françaises freinèrent le travail et sabotèrent le plus possible. Devant l’avance alliée et les bombardements de plus en plus fréquents de l’usine, les détenues seront évacuées à pied le 13 avril 1945 ; les détenues malades restèrent au camp. L’évacuation fut terrible et longue, une semaine d’errance encadrées par des SS dont l’obstination meurtrière a fait de très nombreuses victimes.
Source : Mémorial Buchenwald Dora Kommandos.

Elle y reçoit un autre matricule, le N° 4065.

Source du document ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen 7529398.     
                             
Elle est évacuée  le 13 avril 1945 et s'évade de la colonne le 15 avril près d'Oschatz dans le land de Saxe. Elle est libérée le 21 avril par les troupes américaines rencontrées 6 jours après son évasion. Elle est rapatriée le 20 mai 1945 et passe par l'Hôtel Lutétia à Paris.

Source des documents ci-dessus: AFMD de Paris.

Elle est citée à l'Ordre de la Brigade par le le Ministre de la Défense Nationale le 6 mars 1947: BORDONAVA Josée - (F.F.I.) "Résistante active dès le début de 1942 en qualité d'Assistante Sociale pour les Mouvements Unis de Résistance à Marseille. Arrêtée le 1er mars 1944 déportée à Ravensbrück et à Buchenwald, puis à Leipzig fut un bel exemple de courage et de dévouement pour ses camarades de captivité.
S'évada avec 9 de ses compagnes à l'approche des troupes alliées, en sauva 4 par son sang-froid.
Bel exemple de résistance féminine".

Le 18 octobre 1947 elle épouse Jacques ARMYNOT du CHATELET à Paris (16ème). Ce mariage est dissous le 31 octobre 1956.

Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 73933), elle est homologuée en tant que Résistante au titre des D.I.R. (Déportés et Internés de la Résistance).

La carte de Déporté Résistant  N° 2.001.28330  est attribuée à Joséphine BORDONAVA sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 28 novembre 1955.

Source du document ci-dessus: Archives de la famille.

Lui sont également attribuées
- la Carte du Combattant le 27 janvier 1959
- la Carte du Combattant Volontaire de la Résistance le 29 décembre 1967.

Source des documents ci-dessus: Archives de la famille.

Elle décède à Cannes (06) le 29 juin 2014.


Sources :

- Archives de la famille

- Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains

- Dictionnaire historique de la Résistance sous la direction de François Marcot Robert Laffont 2006

- Etat civil de Vichy (03) et de Paris (16ème)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial Buchenwald Dora Kommandos  Association Française Buchenwald Dora et Kommandos

- Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 73933)

- Service International de Recherches d’Arolsen  7529398, 7529401,   
                           
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