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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

BONILLE Edmond André

est né le 25 septembre 1917  au domicile de ses parents  au lieu-dit Ars à Saint-Yrieix-la-Montagne (23). Son père Etienne est cimentier et sa mère Aurélie née MOUSSARD est sans profession.

Il travaille comme ajusteur à l’usine SAGEM de 1936 au 2 février 1943 à Montluçon/Domérat (03).


Il est domicilié au N° 21, rue Lamartine à Montluçon quand il épouse Marie Louise NARBONNE à Linards (87) le 15 février 1941.

Photo : Archives de la famille.


Le 25 janvier 1943 il est requis pour la Relève, ce système inique qui prévoit le départ en Allemagne de trois ouvriers qualifiés contre le retour en France d’un prisonnier de guerre.


Source du document ci-dessus: Archives de la famille.

Pour échapper à la Relève, il part se cacher en Creuse vers Saint-Yrieix-la-Montagne.  Il y tombe gravement malade et doit rentrer fin avril à Montluçon pour y être soigné. Une fois guéri,  il est réembauché à la SAGEM en  juillet 1943 grâce à de faux certificats de l’Inspection du Travail et va travailler en particulier sur l'un des fleurons de cette usine: les détecteurs de son qui sont destinés à l'aviation allemande et ce jusqu’à la date fatidique du 10 mars 1944.

Le 29 février 1944, un résistant des M.U.R.-Libération, René PETOT, électricien à la SAGEM, s'introduit dans l'atelier où est fabriqué du matériel d'écoute (détecteurs de son pour les avions) destiné à l'Armée de l'Air allemande. Il pose sur chaque détecteur une charge explosive à retardement.

Selon un rapport de police, dans l'après-midi ces charges explosent détruisant quatre détecteurs, une autre charge a pu être désamorcée.

Le 10 mars 1944, 13 employés de la SAGEM dont Edmond BONILLE sont arrêtés par la Gestapo après enquête et sont transférés à la Caserne Richemond à Montluçon (03) pour un premier interrogatoire plutôt « musclé ». Puis ils sont transférés à la Mal-Coiffée, prison militaire allemande à Moulins (03). Ils y sont torturés.

Le 26 mars trois d'entre eux sont relâchés:

Albert COUSTEIX Albert domicilié 41, rue de la Septrée à Montluçon (03)

Robert GAGNARDEAU ajusteur domicilié à Sault à Prémilhat (03)

Bertrand PEYRAUD tourneur domicilié 46, rue des Marais à Montluçon (03).

Les 9 camarades de déportation d'Edmond BONILLE:

AURAT André Robert décédé

BERGERAT Roger Léon rentré

BOURGEON Robert décédé

BOUVET Pierre Maurice rentré

BROUSSE René François décédé

CHAUBRON Camille rentré

DUMET André Louis rentré

HUSS Ernest  rentré

LABEAUNE Paul Jean Gabriel décédé

Le 12 mai 1944 il fait partie des 2073 hommes déportés de Compiègne à Buchenwald où il arrive le 14 dans le convoi N° I.211.

KL BUCHENWALD: Le camp de Buchenwald , situé à une dizaine de kilomètres de la ville de Weimar, est créé en 1937. Avec le déclenchement de la guerre en 1939 et à mesure des avancées de la Wehrmacht, la population concentrationnaire s'internationalise.

De 1943 à la fin de 1944 voire au tout début de 1945, le camp devient un vivier de main d'œuvre corvéable à merci et renouvelable à volonté pour la production de guerre. Le développement des Kommandos s'amplifie. Des usines sont installées dans l'enceinte du camp.

En tout, Buchenwald comptera 136 Kommandos. Après huit années d'existence au cours desquelles périrent environ 56000 détenus et où 238980 ont pu être recensés, le camp de Buchenwald est libéré le 11 avril 1945.

Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

 

Il y reçoit le matricule N° 51039. 


Source du document ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen.

Pendant un mois il travaille à la carrière à extraire des pierres et rouler des wagonnets. Ensuite il a, selon ses propres termes,  « la chance » , parce qu’il est ajusteur de formation, de travailler à l’usine SIEMENS qui est attenante au camp.

Le 22 août 1944, l’usine est bombardée par l’aviation anglo-américaine et est  détruite en grande partie. Les Allemands espèrent la reconstruire et, avec les autres ouvriers  qualifiés, il passe l’hiver à travailler dehors et à déblayer les décombres.

Il est libéré le 11 avril 1945 et est rapatrié le 28 avril 1945.

Il adhère à l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de le l'Allier.

La carte de Déporté Politique N°1.111.00708 lui est attribuée sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 10 mars 1952.

Source du document de gauche: Archives de l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier.

Source du document de droite: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand.



Lui sont également attribuées

- la carte de Combattant Volontaire de la Résistance le 22 juin 1960

- la carte de Réfractaire le 15 décembre 1965.


Sources des documents ci-dessus: Archives de la famille et ONACVG du Puy-de-Dôme.

Note: En 1952  le Ministère des Anciens Combattants estimant que son arrestation et sa déportation n’avaient  pas de lien de cause à effet direct  avec ses actes de résistance, il obtient la carte de Déporté Politique. En 1960 il obtiendra la carte de Combattant Volontaire de la Résistance. Selon son témoignage,

« J’ai participé activement à la distribution de tracts antiallemands et j’ai donné des renseignements à des résistants en tant qu’agent bénévole.

J’ai fait acte de résistance en aidant des camarades appartenant à un réseau (Libération, M.U.R.) à rentrer et à cacher dans l’usine les explosifs destinés à détruire des appareils de guerre allemands.

J’ai été arrêté par la Gestapo à la suite de ce sabotage de matériel de guerre allemand.

Lors de mon séjour à Buchenwald j’ai effectué au péril de ma vie des sabotages sur du matériel de guerre. »

Dans son attestation en date du 22 avril 1958, André PETOT confirme les dires d’Edmond BONILLE concernant l’entrée des explosifs et ajoute qu’ « Arrêté le 10 mars 1944 par la Gestapo allemande après la destruction des appareils cités, M.Bonille, lors de divers interrogatoires accompagnés des traitements rituels dans ces occasions, ne donna aucune indication ni nom des auteurs des sabotages. »

André PETOT ne sera jamais inquiété, ce qui prouve qu'aucun de ses 13 camarades n'a parlé.


Le 24 janvier 1994 il épouse Germaine JAGAILLE à Montluçon.

Il décède le 13 décembre 2014 à Montluçon. L'éloge funèbre est prononcé par le président de l'AFMD de l'Allier.


Sources:

- Archives Départementales de l’Allier 1864 W 1, 654 W 6, 

- Archives Départementales du Puy-de-Dôme 908 W 171

- Archives et témoignage d’Edmond BONILLE pour l'AFMD de l'Allier

- Archives de l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier

- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants du Puy-de-Dôme

- Etat-civil de Saint-Yrieix-la-Montagne (23)

- Office Départemental des Anciens Combattants de l’Allier

- Service International de Recherches d'Arolsen

- William John Si toi aussi, tu m'abandonnes… Les Editions du Cerf 1990

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