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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 
DUMAY Jean Maurice

Nous sommes à la recherche d’une photo et de renseignements complémentaires. Nous contacter: afmddelallier@orange.fr


est né le 1er décembre 1921 rue de la Castinerie  à Ainay-le-Château (03). Son père René est livreur et sa mère Marcelle née AUROY est sans profession. Ils sont domiciliés au N° 14, rue de Paradis à Bourges (18). Il est l'aîné de 7 enfants.

Il exerce le métier de distillateur à Bourges (18) jusqu'à l'âge de 19 ans. 

Il est arrêté par les autorités allemandes et est interné à Bourges du  19 mai 1942 au 12 juin 1942. Puis il monte à Paris où il travaille avec un oncle à la Maison Pernod comme chauffeur ouvrier.

Domicilié en dernier lieu au N° 17, rue des Réglisses à Paris (20ème), il est arrêté le 24 juin 1943 et "envoyé au Dépôt par le Commissaire de Police du Quartier des Halles pour exercice du métier de souteneur". Comme le dit pudiquement une note de renseignements, " Le nommé DUMAY prêtait assistance à son amie, la fille soumise M...... Marcelle au cours de son racolage". De plus, il se livre au trafic de titres de rationnement. Il est condamné à 3 mois de prison et à 5 ans d’interdiction de séjour par la 10ème Chambre de Paris.

En fait Jean DUMAY est un élément collaborationniste. Selon  une note de la police de Paris (20ème),  « Au moment de son arrestation, il était porteur d’un certificat de travail délivré par la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme attestant qu’il était employé en qualité d’adjoint au service de la propagande du Comité Central de cette organisation.
(…)
DUMAY appartenait également au Parti National Socialiste Français ».

Il est d'abord  interné à la prison des Tourelles à Paris avant d'être
 transféré au Centre de Séjour Surveillé de Rouillé (Vienne) le 23 octobre 1943.  Il se porte volontaire pour travailler pour l’Organisation Todt, ce qui est accepté et par les autorités françaises (commandant du C.S.S.de Rouillé et Préfet de la Vienne) et  par les nazis, comme en témoigne la lettre toute nationale socialiste du chef der Werberstelle TruppFührer.


Organisation Todt : Entre autres travaux, cette organisation fit réaliser par une main-d'oeuvre forcée  la construction du Mur de l’Atlantique, une ligne de défense des côtes françaises allant du nord au sud.

                                                                          Monsieur,

                                                           Nous vous notifions par la présente que le Français
                                                DUMAY Jean né le 1er Déc. 1921 à Ainé le Chateau (Allier), nous a
                                                fait parvenir une demande d'engagement dans notre Organisation.
                                                Sa demande ayant été agrée, nous vous serions obligés de bien vou
                                                loir faire le nécessaire pour que cet homme se présente à sa
 .                                             convocation.
                                                            Recevez , Monsieur le Directeur, nos salutations Nationales
                                               Socialistes.
                                                                                HEIL HITLER !        
               
Source: Archives Départementales de la Vienne 109 W 97.

Mais le 22 novembre 1943 il est finalement transféré avec 114 autres internés  au Centre de Séjour Surveillé de Voves (28). Il y reçoit le matricule N° 1840 et est détenu dans la baraque N° 37.

                Portail d'entrée du camp de Voves, sans date. © Coll. Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne.

Le 18 février 1944 il fait une demande de libération et indique « ses résolutions à l’égard du Gouvernement et de la Révolution Nationale » au cas où cette demande serait acceptée : «  Je demande à être libéré. Ancien secrétaire des Jeunesses Ouvrières Chrétiennes du Patronage St François. Depuis septembre 1943 je suis interné et j’ai beaucoup réfléchi. J’ai fait une faute et si vous acceptiez qu’elle soit assez payée, ce serait de me rendre la liberté. Je m’engage sur l’honneur à suivre le droit chemin et reprendre le travail pour subvenir aux besoins de mes petits frères et sœurs qui sont réduits à la misère ».

La demande sera transmise au Préfet d'Eure-et-Loir, puis au Préfet Délégué du Secrétaire Général  au Maintien de l'Ordre à Paris, qui ne se sont pas laissé émouvoir par la repentance de Jean DUMAY.

Selon les Archives Départementales d’Eure-et-Loir, " C'est peu après une évasion spectaculaire - quarante-deux détenus s'enfuyant par un tunnel souterrain long de 148 m - que le camp fut fermé.(Note 1)
Le 9 mai 1944, le camp était remis aux autorités allemandes. Un train composé de onze wagons à bestiaux et deux wagons de voyageurs pour l'escorte fut amené à proximité du camp et les quatre cent six internés présent au camp y montèrent en direction du camp de Royallieu à Compiègne".


Note 1: Selon le Comité du Souvenir du Camp de Voves, "Il faut préciser que ce n'est pas à cause de l'évasion que le Camp de Voves a été liquidé. Elle a peut-être avancé le dénouement de quelques jours voire de quelques semaines, mais les listes des détenus à remettre ""aux autorités d'occupation"" étaient prêtes avant l'évasion".

Selon le Comité, ce sont 407 et non 406 internés qui sont transférés à Compiègne le 9 mai 1944.

Le 21 mai 1944 il fait partie des 2004 hommes déportés  de Compiègne à Neuengamme où il arrive le 24 dans le convoi N° I.214.

Il  y reçoit le matricule N° 30245 et est affecté au Kommando de Bremen-Farge.

Bremen (Brême)-Farge : Kommando du KL Neuengamme. Ce Kommando ouvert en juin 1943 travaille pour la Direction de la construction de la marine à l'édification de l'abri sous-marin "Valentin". Plus de 2000 détenus y travaillent.
Source : Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Il est porté Disparu  dans le Mémorial des Français Déportés à Neuengamme ainsi que dans le livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Il décède en Allemagne le 24 juin 1943 selon l’état civil d’Ainay-le-Château suivant un jugement déclaratif de décès!?!? Le 24 juin 1943 est la date de son arrestation pour proxénétisme et trafic de titres de rationnement!!

S’il était rentré de déportation, il aurait été jugé. En effet selon la note de renseignements de la police de Paris (20ème), « A la Libération il a fait l’objet d’une information pour trahison. Un mandat d’arrêt lancé contre lui par la Cour de Justice de la Seine le 17 novembre 1945 n’a pu être exécuté et c’est par contumace qu’il a été jugé par cette juridiction le 6 novembre 1947 ».

La demande présentée par la famille  d'attribution du titre de déporté politique est rejetée par le Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre le 31 juillet 1964.

Sources :

- Archives Départementales de l’Allier 778 W 17 recensement S.T.O.

- Archives Départementales du Cher 1548 W 11, 1548 W 20

- Archives Départementales d'Eure-et-Loir 106 W site Internet et 106 W 19 et 39 transmises par le Comité du Souvenir du Camp de Voves

- Archives Départementales de la Vienne 109 W 97, 169 W 80,

- Archives de la Police de Paris JB32 dossier 77 W 3609 356445

- Etat civil d’Ainay-le-Château (03)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial des Français Déportés à Neuengamme  Amicale de Neuengamme

© AFMD de l'Allier