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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

BARRON Henri Alphonse

est né le 13 décembre 1921 à Aulnat (63). Son père Charles est employé à la Compagnie des Chemins de Fer du P.LM. et sa mère Mélanie née THEYRAS est sans profession. Ultérieurement ses deux parents vont travailler à la SNCF, son père comme  chef poseur et  sa mère comme garde-barrière à Bessay d’abord, puis en 1932 à Saint-Pourçain-sur-Sioule (03) où la famille s’installe route de Loriges.

Source de la photo ci-contre: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand.

En 1934 il entre comme apprenti mécanicien au garage GUIOT à Varennes-sur-Allier (03) qu’il quitte en mars 1942 pour les Chantiers de Jeunesse à Mézières-en-Brenne dans le département de l’Indre.

Chantiers de la Jeunesse : Le Service Militaire ayant été supprimé par l’Armistice, une organisation paramilitaire est créée en juillet 1940 par le régime de Pétain pour embrigader la jeunesse française. Tous les jeunes Français sont appelés dès l’âge de 20 ans pour faire un stage de 6 mois dont le but est de leur inculquer les valeurs du régime de Pétain : Travail-Famille-Patrie.


En octobre 1942, il retourne au garage GUIOT.

Le 11 novembre 1942 les Allemands envahissent la zone libre. Selon une attestation du capitaine, Joanny CHARMAISON, Commandant du Parc de Varennes-sur-Allier, Henri BARRON participe « au déplacement et camouflage de nombreux véhicules » de l’Armée stationnés dans un dépôt rue du 4 septembre à Varennes-sur-Allier.

Henri BARRON est né en 1921. L’année est importante, car,

Par la loi du 16 février 1943 du gouvernement de l'Etat Français de Pétain et Laval,  est créé le Service du Travail Obligatoire qui impose aux hommes nés en 1920-21-22 d'aller travailler pendant deux ans en Allemagne.



Il préfère aller travailler comme requis à l' ERGM La Ferté-Hauterive: (Entrepôt de Réserve Générale de Munitions), c'est-à-dire le dépôt allemand de munitions qui se trouve  à Saint-Loup (03), ce qui lui évite de partir en Allemagne.

En avril 1943, il entre au titre du STO au camp de Saint-Loup où il charge des munitions sur des camions ou dans des wagons. Selon son témoignage, il fournit à Georges WEISS qui travaille pour le Bureau Central de Renseignements et d’Action, le service de renseignements de la France Libre à Londres, de précieux renseignements sur le contenu et la destination des wagons.
Le 8 juin 1943 vers 16 heures selon son témoignage à l’AFMD de l’Allier  ils sont 2 à être arrêtés pour sabotage par Hugo GEISSLER, le chef de la Gestapo de Vichy,: en fait délibérément ils ne chargeaient les wagons que sur le devant, laissant l’arrière vide.

Ceci est confirmé par la note de renseignements de la police en date du 30 janvier 1957 selon laquelle " MM.BARRON et MAURICE ont été arrêtés par la Gestapo de Vichy sur inculpation de sabotage.
Employés au chargement de wagons de munitions dans l'enceinte du camp, les intéressés expédiaient des wagons incomplètement chargés et ne contenant que quelques caisses placées devant les portes destinées à camoufler le vide intérieur".

Il est menotté et transféré au siège de la Gestapo à Vichy où il est interrogé deux fois par jour jusqu’au 16 juin, date à laquelle il est emmené à la Mal-Coiffée à Moulins. Il subit de nouveaux interrogatoires au siège de la Gestapo rue de Villars. Le 13 juillet  il est transféré au Frontstalag 122, c’est-à-dire à Compiègne, l’antichambre de la déportation.

Le 2 septembre 1943 il fait partie des 943 hommes  déportés de Compiègne à Buchenwald où il arrive le 4  par le convoi I.131. Il reçoit le  matricule N° 20547.  Il passe la quarantaine au Petit Camp, puis va rester au camp central avant d’être transféré le 22 janvier 1944 à Dora et son tristement célèbre tunnel où il va retrouver un déporté de Lapalisse, Eugène LAURENT.


Source du document ci-dessus à gauche: Service International de Recherches d'Arolsen 5482057.
Source du document ci-dessus à droite: Service International de Recherches d'Arolsen 5482059 .

Dora : Ce camp dépend à l’origine du KL Buchenwald qui n’est situé qu’à environ 80 km. Il a été créé en septembre 1943 pour accueillir dans ses tunnels l’usine de Peenemünde bombardée par la RAF le 17 août 1943.  Les déportés travaillent en deux équipes de douze heures. Ils creusent des galeries  dans des conditions abominables. Ils restent six mois sans voir le jour et couchent à même le sol jusqu’à fin mars 1944. La mortalité y est très élevée. Dora devient autonome en octobre 1944.
Source : Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.



Henri BARRON perce, taraude et visse pour assembler des pièces du V2, ces bombes fusées. Bien sûr la tentation de saboter est présente. Mais les pendus quotidiens sont là pour rappeler qu’être pris à saboter ou même à ne rien faire est cruellement réprimé.

Il est évacué le 4 ou le 5 avril 1945 vers le camp mouroir de Bergen Belsen.


Selon André Sellier dans Histoire du camp de Dora, " C’est le mercredi 4 avril dans l’après-midi que part de la gare de Dora le premier des trois convois d’évacuation du camp même de Dora avec une partie des détenus employés au camp et au Tunnel. L’itinéraire de ce convoi, noté par Charles Védel,  est voisin de celui des autres convois parvenus à Bergen Belsen.  Après Osterode et Seesen, le train va par Hildesheim, Lehrte, Celle, Uelzen et Lunebourg jusqu’à Bergedorf dans la banlieue est de Hambourg à proximité du camp de Neuengamme. Puis il repart vers le sud pour gagner Bergen Belsen  le 10 avril par Soltau"

Source du document ci-contre: Histoire du camp de Dora par André Sellier.
 

Le 15 avril 1945 le camp est libéré par les troupes britanniques qui découvrent toute l’horreur du système concentrationnaire nazi. Suite à l’épidémie de typhus due au manque d’hygiène, à la sous-alimentation et à la surpopulation,  des milliers de cadavres jonchent le sol.

Henri BARRON est rapatrié en avion jusqu’à Bruxelles, puis en train jusqu’à Lille où il reçoit des habits et à l’Hôtel Lutétia à Paris.

Source des documents ci-dessus: Copyright AFMD75.

Le 30 avril 1945 il arrive enfin à Saint-Pourçain-sur-Sioule et part au sanatorium de Tronget d’où il ne sortira que le 10 janvier 1947. Recevant ensuite des indemnités de soins, il ne pourra travailler qu' épisodiquement comme mécanicien ou chauffeur.

Le 18 octobre 1947 il épouse Francine PEYNET à Lafeline (03).

Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 35333), il est homologué en tant que Résistant au titre de la R.I.F. (Résistance Intérieure Française) pour son appartenance au mouvement "Combat".

Pourtant c'est la carte de Déporté Politique qui lui est  attribuée  sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 2 janvier 1962.

Source du document ci-dessus: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand.

Veuf de Francine PEYNET en 1979, il retrouve une compagne en la personne de Ginette CHANET en 1985.

Il décède le 9 décembre 2013 à Saint-Pourçain-sur-Sioule.

Sources : 

- Archives Départementales de l’Allier 1864 W 1, 1580 W 7,

- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand

- Entretien de l’AFMD de l’Allier avec M.BARRON

- Etat civil d'Aulnat (63)

- La Tribune de l’Histoire  N°6   2°trimestre 2004 

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial Buchenwald Dora Kommandos  Association Française Buchenwald Dora et Kommandos

- Office Départemental des Anciens Combattants de l’Allier

- Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 35333)

-  Service International de Recherches d'Arolsen 5482057, 5482059,

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