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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

LECLANCHÉ Simone Jeanne Charlotte

Archives de la famille

est née le 3 mars 1917 rue de Vallières à Clermont-Ferrand. Son père Lucien est mécanicien et sa mère Jeanne née RAVEL est comptable. Ils sont domiciliés au N° 27, Quai de la Guillotière à Lyon (69).

Elle est «adoptée par la Nation» suite au jugement du Tribunal Civil de Lyon (69) en date du 3 mars 1922.

Photo: Archives de la famille.

Selon le témoignage de sa nièce, "Ses parents se sont rencontrés pendant la Première guerre mondiale: Lucien, blessé en 1915 a été soigné par Jeanne, infirmière volontaire, dans un hôpital «de l'arrière», à Royat.
De l'union de Jeanne et de Lucien sont nés, après Simone, Edmond, en 1918 et Camille, en 1921.
Lucien Leclanché est mort à la suite de nombreuses opérations dues à ses blessures de guerre en 1925. Malgré son absence, il a beaucoup influencé ses enfants. La famille Ravel était plutôt conservatrice, catholique; Lucien Leclanché était anarchiste... ".

De gauche à droite: Camille, Simone, Edmond. Photo transmise par Sophie Leclanché. Remerciements.

 

Archives de la famille

Après des études de secrétariat, Simone entre au  cabinet de Maître MABRUT à Clermont-Ferrand.

Selon une source familiale, "Réfractaire au STO, Camille a été le premier à prendre le maquis en février 1943. Démobilisé en décembre 1942, Edmond, à son tour a rejoint le 1er Corps franc d'Auvergne en mars 1943. Tout naturellement, Simone s'est engagée aux côtés de ses frères comme agent de liaison.
Camille a été arrêté le 15 janvier 1944 à La Bourboule (63) par la police française qui l'a «remis» à la Gestapo (au SD, en fait) à Vichy (03). Il était quasiment mourant quand il a quitté, porté dans une camionnette par deux soldats, la rue du Portugal, le 2 mars au matin.
Son histoire connue s'est arrêtée là.
Le 3 mars, Simone, ignorant son sort, s'est rendue à Vichy pour lui faire passer du linge. Elle a, à son tour, été arrêtée."

Elle est internée à la prison du 92ème Régiment d'Infanterie à Clermont-Ferrand avant d'être transférée au Fort de Romainville.

Le Fort de Romainville

Ce fort militaire est situé sur la commune des Lilas en Seine-Saint-Denis au nord-est de Paris. Il accueille d'abord des prisonniers de guerre et des otages, dont certains seront fusillés au Mont-Valérien. Puis à partir de 1943 il devient l'antichambre de la déportation avant de servir de prison pour femmes en 1944.

Photographie, prise à la Libération, des casemates où étaient enfermés des détenus. Source: Les oubliés de Romainville un camp allemand en France (1940-1944) par Thomas Fontaine Editions Taillandier mai 2005.


Le 18 avril 1944 elle fait partie des 417 femmes extraites du Fort de Romainville et déportées de Paris gare de l'Est à Ravensbrück où elle arrive le 22 avril dans le convoi N° I.206.Elle reçoit le matricule N° 35396.

Après la quarantaine ce sont environ 150 femmes de ce convoi dont Simone LECLANCHÉ qui sont affectées au Kommando d'Holleischen sur lequel elles sont dirigées le 4 juin. Elle y reçoit un nouveau matricule, le N° 50789.


Source du document ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen  11074769.

Holleischen: Kommando du KL Flossenbürg. Dans ce Kommando de femmes situé dans les Sudètes, les détenues travaillent pour l'usine de munitions Skoda.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Deux extraits du livre de Jeanne BOUTEILLE concernant le Kommando d' Holleischen et la volonté de sabotage ancrée dans l'esprit de ces femmes pour la plupart résistantes.

LE KOMMANDO
" Le Kommando était une ancienne ferme aménagée à usage de camp. D'un côté de la cour se trouvait un bâtiment à deux étages, greniers transformés en blocks aux fenêtres barrées de grilles et dont le rez-de-chaussée formait le waschraum et les closets; cette bâtisse se prolongeait par des locaux prévus pour une infirmerie, une cantine à l'usage des S.S. et un poste de garde qui jouxtait la grande porte cloutée, armée de barres de fer et de verrous comme celle d'une prison. En face de cette rangée de constructions se trouvait l'ancienne habitation des fermiers, maintenant celle des surveillantes S.S., et mitoyenne avec une longue étable qui formait un troisième block.
Ces deux côtés de la cour se faisant face étaient réunis par toute une grange qui faisait le troisième côté, et le quatrième, en face du troisième, consistait en un mur très haut troué de la grande porte. Les quatre côtés étaient longés en leur sommet par un réseau serré de fils électrifiés qui les surmontaient".

LE SABOTAGE
" Il était dangereux de ralentir le rythme des machines, si l'on considère les rondes multipliées des S.S., des contremaîtres, des aufseherinnen et des Industrie ! Mais nous arrivions à laquer longtemps le même plateau de cartouches, prenant l'une, reprenant l'autre déjà laquée et lui passant une nouvelle couche de laque le plus épais possible pour en user davantage; fourbir les cartouches avec un chiffon imbibé d'acétone et d'eau sous prétexte de les nettoyer, en réalité pour les faire se rouiller ce qui, deux mois plus tard, les rendait impropres au service; choisir les poudres humidifiées par hasard de préférence aux poudres sèches; épointer autant que possible les percuteurs qui, le moment venu, frapperaient mal la capsule de fulminate, laquelle éclaterait à contretemps, tout cela sans s'arrêter une minute de remuer à vide, ce qui provoquait chez nous une exténuante surexcitation nerveuse, de surveiller les portes vitrées où pouvaient apparaître à chaque instant des faces d'Allemands, de prévenir leurs soupçons en nettoyant minutieusement les machines que par ailleurs nous sabotions".

 

Elle est libérée à Holleischen en compagnie de sa cousine Madeleine BEGON le 5 mai 1945 par les partisans tchèques.

Archives de la famille

Selon une source familiale, "C'est là, avant même la jonction américano-soviétique et quelques heures seulement après la libération du camp, que son frère Edmond et Robert Huguet, missionnés par Emile Coulaudon (colonel Gaspard) l'ont retrouvée. Simone et Madeleine sont rentrées en Auvergne plus vite que prévu...
Après une année de convalescence, Simone a repris doucement le cours de sa vie aux côtés de sa mère, à Clermont-Ferrand. "

Photo: Archives de la famille. 


Le 26 septembre 1946, en fin de journée, elle décède  sur une route du Sancy au lieudit Les Léchades au Mont-Dore-les-Bains (63).

Selon la famille, "les circonstances de l'accident de voiture qui lui a coûté la vie n'ont jamais été élucidées".

Honneurs posthumes:

Lui sont attribuées

- la Médaille de la Résistance

- la carte de Déporté Résistant N° 2.011.16382  sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 27 avril 1953.

Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 349370), elle est homologuée en tant que Résistante au titre des F.F.C. Forces Françaises Combattantes)  et des D.I.R. (Déportés et Internés de la Résistance).

Source du document ci-dessus: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand.

Sources:

- Archives et témoignage de la famille

- Archives du camp de Flossenbürg sur Ancestry.com et JewishGen.org

- Bouteille-Garagnon Marie Jeanne Infernal rébus Editions Crépin-Leblond Moulins 1946

- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand

- Etat civil de Clermont-Ferrand (63)

- Lévy Gilles et Cordet Francis A nous, Auvergne! Presses de la Cité 1981

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 349370)

- Service International de Recherches d'Arolsen  11074769

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