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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

GUILLEBAUD née ROUSSEL Rachel Mariette Nelly

est née le 14 mars 1903 à l'hospice de la maternité d' Arras (62). Son père Alfred est cordonnier et sa mère Nelly née DELANGLET est sans profession. Ils sont domiciliés au N° 5, rue de la Justice à Arras.

Le 16 juillet 1938 elle est sans profession et domiciliée au N° 127, route de Montrouge à Malakoff (92) quand elle épouse Paul GUILLEBAUD en cette même ville.

Source de la photo: Service Historique de la Défense 1 K 843/8 Alliance transmise par François Romon. Remerciements.

GUILLEBAUD Paul Louis Amélien est né le 23 juin 1904 à Terminiers (28). Il est le fils de Jean et de Marie née ISCH.

Commis Principal au Ministère de la Justice à Vichy (03) il est domicilié 42, Boulevard des Graves à Vichy (03).

Source de la photo: Service Historique de la Défense 1 K 843/8 Alliance transmise par François Romon.

Il est agent du réseau «Alliance» sous le pseudonyme de «Mouflon».


Réseau «Alliance»: cet important réseau de renseignement essentiellement militaire- mais aussi filière d'évasion- est créé en avril 1941 par le commandant Georges Loustaunau-Lacau.

D'abord pétainiste, puis giraudiste, il va finalement se rallier au général De Gaulle début 1944. Il est dirigé par Marie-Madeleine Fourcade et le commandant Faye.

Source: Dictionnaire Historique de la Résistance


Selon Marie-Madeleine FOURCADE, chef du réseau «Alliance», « A la date du 15 août 1942, il résilia ses fonctions de commis principal au Ministère de la Justice afin de pouvoir consacrer tout son temps à son activité clandestine de chef de secteur.
M.Guillebaud se dépensa alors sans compter, réunissant un grand nombre de renseignements d'ordre militaire et organisant en outre l'évasion de plusieurs personnalités arrêtées par les Allemands. A cet égard, je crois devoir signaler le courage, l'intelligence et l'ardent patriotisme de M.Guillebaud qui ne recula jamais devant les périls les plus grands pour l'accomplissement des missions que lui commandait son idéal».

Paul GUILLEBAUD est assassiné par la Gestapo en gare de Gannat (03)
- le 8 mars 1943 selon Marie-Madeleine Fourcade dans " L'Arche de Noé réseau  "Alliance" 1940-1945. Selon cette source, Paul GUILLEBAUD était en compagnie du traître Marius CHAMBON.
- le 17 mars 1943 selon l'état-civil de Terminiers et de Gannat.

Selon Marie-Madeleine FOURCADE, "les fonctions occupées par Monsieur GUILLEBAUD dans notre Réseau pendant l'Occupation Allemande correspondaient dans la hiérarchie de la D.G.E.R. au grade de Chargé de Mission de 1ère classe (Capitaine)".

Selon la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains 21 P 198 161, Paul GUILLEBAUD a été incinéré au Père-Lachaise. Ce renseignement figure dans le Maitron et  a été transmis par Jean-Pierre Besse.

«Mort pour la France»

Rachel GUILLEBAUD est recrutée en août 1942 par son mari pour entrer comme agent de renseignements et de liaison au réseau«Alliance». Elle prend le pseudonyme de «Brebis».

Elle est arrêtée à Gannat
- le 8 mars selon le réseau "Alliance"
- le 18 mars 1943, le lendemain de l'assassinat de son mari par la Gestapo.

Elle est internée à la prison de Fresnes où sont rassemblés les agents du réseau «Alliance».

Elle est déportée NN le 27 mai 1943 de Paris à la prison d'Offenburg dans l'attente de sa comparution devant le tribunal de Fribourg-en-Brisgau.

Procédure "Nacht und Nebel" "Nuit et Brouillard"
instaurée par le décret Keitel de décembre 1941 pour «des actes délictueux» tels que espionnage, sabotage, détention illégale d'armes, etc. Ce décret prévoit le transfert en Allemagne en vue d'un jugement dans le secret absolu. Les déportés doivent disparaître dans «la nuit et le brouillard», c'est-à-dire sans laisser de trace.

Selon le "Tribunal de Guerre du IIIe Reich" d'Auguste Gerhards, "Accusée d'aide à une activité d'espionnage par la recherche et  le transport de renseignements au profit d'une puissance ennemie, elle est condamnée à mort. Le jugement est confirmé le 17 mars 1944 par l'amiral  Bastian, mais le Führer lui accorde sa grâce le 23 juin 1944 et la sentence capitale  est commuée en peine de pénitencier à vie"

Elle est alors transférée à la prison pour femmes de Cottbus.

Cottbus: prison située au nord de Dresde. A notamment été le lieu d'application des peines de travaux forcés pour les femmes "NN" et aussi un lieu de transit vers Ravensbrück.

Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

A l'automne 1944 la procédure «Nuit et Brouillard» ayant été abrogée, elle est transférée au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück le 21 novembre.


Le KL Ravensbück est situé près de la ville de Fürstenberg à environ 50 kilomètres au nord de Berlin.
Au
total, plus de 120000 déportées d'une vingtaine de nationalités différentes sont passées par le KL Ravensbrück, le grand camp de concentration pour femmes du Reich. De là beaucoup d'entre elles sont transférées vers des camps et des centaines de Kommandos extérieurs disséminés dans toute l'Allemagne.
Les conditions d'existence à Ravensbrück sont tout aussi effroyables que dans les autres KL. De 1939 à 1945, on estime qu'environ 40000 déportées ont trouvé la mort dans ce camp.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
 
Puis elle est envoyée le 7 mars 1945 au camp de concentration de Mauthausen  où elle reçoit le matricule N° 1809 selon le Comité International de la Croix-Rouge.

Source du document ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen 1870962.

Elle  est libérée à Mauthausen le 22 avril 1945 sur intervention de la Croix-Rouge Internationale  et arrive en Suisse le 24 avril, puis à Annecy.



Source du document ci-dessus: Comité International de la Croix-Rouge à Genève.

A son retour elle signale le rôle joué par le traître Marius CHAMBON dans l'arrestation des membres du réseau "Alliance" : il se faisait arrêter par la Gestapo avec ses victimes qu'il avait dénoncées, puis était relâché et recommençait.

Selon une attestation de Marie-Madeleine FOURCADE, «les fonctions occupées par Madame GUILLEBAUD dans notre réseau correspondaient dans la hiérarchie de la D.G.E.R. au grade de Chargé de Mission de 3ème classe».


Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 524310), elle est homologuée en tant que Résistante au titre des F.F.C. (Forces Françaises Combattantes) et des D.I.R. ( Déportés et Internés de la Résistance).

La carte de Déporté Résistant N° 2.001.08030 lui est attribuée sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 4 janvier 1952.

Source du document ci-dessus: Archives de Paris 3595 W 40.

Elle décède à Sevran (93) le 3 février 1991.

Le 17 mars 2016  à l'initiative de la mairie  de Gannat dans le cadre de la journée "Défense et citoyenneté", a été dévoilée la plaque apposée à la gare de Gannat  en hommage au grand résistant que fut Paul GUILLEBAUD.

Photos: AFMD de l'Allier.


Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 1864 W 1

- Archives du Comité International de la Croix-Rouge à Genève Document non coté

- Dictionnaire Historique de la Résistance sous la direction de François Marcot Editions Robert Laffont 2006

- Etat civil d'Arras (62), de Gannat (03) et de Terminiers (28)

- Fourcade Marie-Madeleine  L'Arche de Noé réseau "Alliance" 1940-1945  Librairie Arthème  Fayard 1968

- Gerhards Auguste Tribunal de guerre du IIIe Reich  Le Cherche Midi et Ministère de la Défense Paris 2014

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mauthausen Le Troisième Monument  Site Internet de l'Amicale de Mauthausen

-
Mémorial de l'Alliance Amicale du réseau «Alliance»

- Noguères Henri en collaboration avec Marcel Degliame-Fouché Histoire de la Résistance en France Tome 3  Robert Laffont 1972

- Service Historique de la Défense  16 P 278290, 1 K 843/8 Alliance transmis par François Romon.

- Service International de Recherches d'Arolsen 1870962,


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