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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

PILVEN Pol Marie Ferdinand Raphaël


est né le 11 septembre 1919  au N° 13, rue de l’Hospice à Quimper (29). Son père Joseph est médecin et sa mère Marie née BLANCHON est sans profession.

Etudiant à Paris il tente  de s’engager en septembre 1939, mais sa candidature est refusée.

Incorporé le 16 avril 1940 il est affecté au DI N° 181. Il va continuer dans l’Armée d’Armistice et être dirigé sur la Tunisie le 6 janvier 1941 et est affecté au 4ème RMZT (Régiment Mixte de Zouaves et de Tirailleurs).

Source de la photo ci-contre: Archives de Paris 3595 W 51.


Le 3 janvier 1942 il rejoint le 3ème Régiment de Hussards à Montauban (82), puis il est rayé des contrôles de l'armée active  le 17 mars 1942, date à laquelle il est nommé gardien de la Paix au G.M.R. (Groupe Mobile de Réserve) à Albi (81).

Revenu à Paris il retrouve des camarades d’université dont François MITTERRAND  avec lesquels il prépare des faux papiers pour les prisonniers de guerre évadés d’Allemagne.

Puis il arrive à Vichy (03) où lui est proposé un emploi de « secrétaire général d’un petit mouvement de jeunesse « Equipes et cadres de la France nouvelle » basé au N° 20, rue Nationale à Vichy  dans l’appartement de Jean RENAUD, agent d’assurances. Ce mouvement fera par la suite partie du M.N.P.G.D. (Mouvement National des Prisonniers de Guerre et des Déportés).


Il continue à fabriquer de faux papiers, mais le 15 juillet 1943 il est condamné à 2 mois de prison avec sursis par le Tribunal Correctionnel de Cusset pour avoir « fait usage d'un sceau ou timbre contrefait de la Mairie de Vichy».

Responsable des liaisons à l’intérieur du mouvement,  Pol PILVEN parcourt la France en train. Il s’occupe aussi de la rédaction des bulletins de commandement.

Il est l'un des premiers permanents du R.N.P.G. (Rassemblement National des Prisonniers de Guerre) bien qu'il n'ait jamais été prisonnier.
 

Il est arrêté  le 11 novembre 1943 à Vichy dans l’immeuble du 20, rue Nationale (actuellement rue Jean Jaurès).

Selon Pierre Péan  dans son livre Une jeunesse française François Mitterrand 1934-1947 voici comment se passe l’arrestation : «  A sept heures du matin, le 11 novembre, des gestapistes sous les ordres de Geissler font une descente au 20, rue Nationale, au domicile-bureau de François Mitterrand à Vichy. Pol Pilven dort dans son lit. Il est arrêté, ainsi que M.Renaud, propriétaire des lieux.(…) La Gestapo venait chercher François Mitterrand ». 

Selon Pol PILVEN,
 « François MITTERRAND venait fréquemment y dormir ». Et c’est bien lui que la Gestapo venait chercher sous le nom de MORLAND. Quelqu’un courut à la gare prévenir MITTERRAND qui ne descendit pas en gare de Vichy, mais à Clermont-Ferrand.


Quant à Pol PILVEN, après quelques jours passés dans les caves de la Gestapo de Vichy, il est interné à la Mal-Coiffée, prison militaire allemande à Moulins (03), avant d'être transféré à Compiègne.

Le 22 janvier 1944 il fait partie des 2005 hommes déportés de Compiègne à Buchenwald où il arrive le 24 par le convoi N° I.172. Il reçoit le matricule  N° 41714 et après la quarantaine il est transféré au  Kommando  de  Dora. 

Source du document ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen 6822625.

Dora : Ce camp dépend à l’origine du KL Buchenwald qui n’est situé qu’à environ 80 km. Il a été créé en septembre 1943 pour accueillir dans ses tunnels l’usine de Peenemünde bombardée par la RAF le 17 août 1943.  Les déportés travaillent en deux équipes de douze heures. Ils creusent des galeries  dans des conditions abominables. Ils restent six mois sans voir le jour et couchent à même le sol. La mortalité est très élevée. Dora devient autonome en octobre 1944.
Source : Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
 

Dans les tunnels de Dora  où  sont fabriqués les V2, il est affecté au Kommando Hekbau en tant que soudeur. « Nous sommes une douzaine entourant une large table de métal où aboutissent des câbles impressionnants dont nous devons souder les fils terminaux  sur des boîtiers. Ces boîtiers commanderont les mouvements des ailerons arrière qui donnent à la torpille sa direction ».

Au printemps  ils ne dorment plus dans le tunnel, mais dans un block.

Source du document ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen 2691437.

De temps à autre, il doit assister avec ses camarades à des pendaisons publiques de déportés ayant tenté de s'évader. Ces pendaisons s'effectuent au son d'un orchestre.

Il est évacué en train le 5 avril vers Ravensbrück. «Le train erre de gare en gare pendant des jours. De longs arrêts, des noms de lieux inconnus qui ne nous permettent pas de nous situer. Si, nous avons lu un jour le nom de Magdeburg. Nous étions tous dans un état de total abrutissement, ventre creux, membres courbaturés, écœurés par la difficulté à faire nos besoins. Des cris de S.S. nous réveillent; dans le wagon d'à côté, on hurle, puis un coup de feu, encore des cris et le calme revient».

Il arrive à Ravensbrück le 14 avril.


 

Source de la carte ci-contre: Sellier André Histoire du camp de Dora Editions La Découverte 1998.

Légende:

-------: évacuation à pied

+++++++: évacuation en train


Il en repart à pied le 26 avril et s'évade fin avril-début mai avec son ami Jacques MÉRESSE de la colonne à la tombée de la nuit. Dans une maison abandonnée ils trouvent des vêtements pour se changer et continuent leur périple vers Parchim, puis Celle.

Pol PILVEN raconte: «Le deuxième jour les haut-parleurs retentissent en français! «Pol Pilven est demandé au bureau central».

J'y cours, effaré. Un colonel en képi rutilant d'or et un modeste capitaine, me sautent dessus: Pol! Bernard! Patrice! On s'embrasse. (…) Quand Mitterrand avait eu connaissance de ce qui se passait dans les camps de concentration, de ce qu'y trouvaient les armées alliées en y pénétrant, il avait demandé à Patrice Pelat et à Bernard Finifter de se débrouiller pour retrouver l'un ou l'autre des déportés appartenant au Mouvement».

Il rentre à Paris le 20 mai 1945.

Le 27 octobre 1945 il est rappelé à l'EMGDN (Etat-Major Général de la Défense Nationale) 6ème section de Liaison Administrative d'Extrême-Orient.

Le 12 octobre 1946 il épouse Noëlla MESSMER à Strasbourg (67).

Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 478455), il est homologué en tant que Résistant au titre des D.I.R. (Déportés et Internés de la Résistance).

La carte de Déporté Résistant N° 1.001.20802 lui est attribuée sur décision du  Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 18 janvier 1954. 


Source du document ci-dessus: Archives de Paris 3595 W 51.


En mars 2002 paraît son témoignage sur ce que fut sa déportation dans le livre intitulé Survivre en camp de concentration (Dora).


"Jeune résistant, Pol Pilven est arrêté et déporté en Allemagne dans le camp de Dora où il lui faudra apprendre à survivre au sein de l'enfer concentrationnaire.
Confronté à l'horreur, il n'en garde pas moins la lucidité et le sens de l'humour qui permettent de rester un homme même lorsqu'il est soumis à l'inhumain.
Son récit rend hommage à ceux qui continuaient à résister à l'intérieur aux forces de la folie meurtrière pour nous rappeler que les pires épreuves peuvent révéler la meilleure part de l'être."
 
Editions du Rocher mars 2002


Il décède le 29 octobre 2017 à Sèvres (92).


Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 1864 W 1, 762 W 53  07/1943,

- Archives Départementales du Finistère 1 R 1939.1869

- Archives de la famille

- Archives de Paris 3595 W 51

- Etat civil de Quimper (29)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial Buchenwald Dora Kommandos   Association Française Buchenwald Dora et Kommandos

- Péan Pierre Une jeunesse française François Mitterrand 1934-1947 Fayard 1994

- Pilven Pol Survivre en camp de concentration (Dora) Editions du Rocher mars 2002

- Sellier André Histoire du camp de Dora Editions La Découverte 1998

- Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 478455)

- Service International de Recherches d'Arolsen 6822625, 2691437,

- Védrine Jean Les prisonniers de guerre, Vichy et la Résistance 1940-1945 Librairie Arthème Fayard 2013

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