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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 
MAYER née LOEWENTHAL Erna
 

Nous sommes à la recherche d’une copie de sa carte de Déporté. Nous contacter : afmddelallier@orange.fr


Archives de la famille

est née le 28 septembre1892 à Munich (Allemagne). Elle est la fille de Max et de Françoise née SCHLESINGER. Elle épouse Joseph MAYER  qui est commerçant et ils ont deux fils, Curt Albert né en 1915 et Paul Martin né en 1918 et une fille Liliane née en 1924.

Ils viennent s'installer à Strasbourg (67) où ils sont domiciliés rue Omacht.

Les parents et leurs trois enfants sont naturalisés Française suite au décret paru au Journal Officiel N° 57 du 9 mars 1926 pages 3078 et 3079. 

Source de la photo: Archives de la famille.
Source du document ci-dessus: Bibliothèque Nationale de France sur site Internet Gallica.

Ils quittent Strasbourg pour se réfugier en juillet 1939 à Vichy (03) au N° 1, rue du Pontillard.

Leurs noms figurent dans le recensement à Vichy des Juifs français "ayant souscrit une déclaration dans le département de l'Allier "  conformément à la loi antisémite du 2 juin 1941 de l'Etat Français.
 
 

 Source: Archives Départementales de l'Allier 756 W 1.

Puis, ils ont expulsés de Vichy parce que Juifs et vont s'installer à Néris-les-Bains (03) où ils résident Villa Florentin rue Marceau.

Ils sont fichés par l'Etat Français en 1943 en tant que Juifs français.


                                                        Source des documents ci-dessus:: Archives Départementales de l'Allier 996 W 778 W 112.

Erna MAYER est arrêtée avec son mari Jules dans la rafle du 12 mai 1944 à Néris-les-Bains par des policiers allemands. Voir ci-dessous le témoignage de leur fille Liliane.

Ils sont internés à Vichy et transférés le 26 mai 1944 à Drancy où Erna reçoit le matricule N° 23261.

Le 30 mai 1944 ils sont déportés de Drancy à Auschwitz par le convoi N° 75.

Source du document ci-dessus extrait de la liste du convoi N° 75: Mémorial de la Shoah C 75_25.

Dans Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Serge Klarsfeld écrit à propos du convoi N° 75: " 534 hommes et 470 femmes ont constitué ce convoi où l'on comptait 104 enfants de moins de 18 ans. (...) A l'arrivée de ce convoi le 2 juin, 239 hommes reçurent les matricules A 11841 à A 12079, tandis que 134 femmes recevaient les matricules A 7065 à A 7198. 624 personnes furent immédiatement gazées. En 1945, on dénombrait 85 survivants dont 51 femmes".

Elle décède le 30 mai 1944 en déportation selon l'état civil de Strasbourg et le JO N°67 du 19 mars 1995.

 
Rappel de la Loi n° 85/528 du 15 mai 1985
sur les actes et jugements déclaratifs de décès des personnes mortes en déportation
Article 3 - Lorsqu'il est établi qu'une personne a fait partie d'un convoi de déportation sans qu'aucune nouvelle n'ait été reçue d'elle postérieurement à la date du départ de ce convoi, son décès est présumé survenu le cinquième jour suivant cette date, au lieu de destination du convoi.
 
 Selon la loi du 15 mai 1985  Erna MAYER née LOEWENTHAL est décédée le 4 juin 1944 à Auschwitz (Pologne).
 
«Mort pour la France»
 
Suite aux recherches effectuées par l'AFMD de l'Allier, son nom figure sur la plaque dévoilée le 8 mai 2008  en mémoire des 29 Juifs réfugiés à Néris-les-Bains  «Morts en déportation» . Remerciements à Monsieur le Maire et  à son Conseil Municipal.
 
 Photos: AFMD de l'Allier.
 
 
Leurs enfants: Albert, Paul et Liliane.
Archives de la famille

Curt Albert  est né le 11 juillet 1915 au domicile de ses parents au N° 40, rue Oberlin à Strasbourg (67).
Il est arrêté le 28 juin 1944 en gare de Vichy par la Milice, puis est interné à Vichy et Moulins. Il est ensuite transféré à Belfort d'où il est déporté le 5 septembre 1944 au camp de concentration de Buchenwald.
Il y reçoit le matricule N° 85217 et est affecté au Kommando de Niederorschel. Il s'évade lors de la dissolution du Kommando et est rapatrié le 20 mai 1945.

Source de la photo: Archives de la famille.

Paul Martin MAYER est né le 13 août 1918 à Strasbourg (67). Mobilisé le 2 septembre 1939 au 79ème R.I. il est démobilisé comme sous-lieutenant le 12 mars 1941 à Annecy. Il se réfugie dans l'Allier avec sa famille, mais ne se fait pas recenser à Vichy comme Juif en juin 1941.
Le 1er septembre 1943 il  rejoint les F.F.I.  en Auvergne avec le grade de lieutenant sous le pseudonyme de "Martin" et sous les ordres du commandant Ernest FRANCK dit "Fabre". Il participe à plusieurs opérations dans la région de  Cosne-d'Allier et de Montluçon jusqu'au 1er octobre 1944.

Source de la photo: Archives de la famille.

Archives de la famille
Archives de la famille

Liliane MAYER est née le 11 juillet 1924 à Strasbourg (67). Elle se réfugie avec sa famille à Vichy où elle est recensée comme Juive française conformément à la loi antisémite du 2 juin 1941 de l'Etat Français.
Puis, expulsée de Vichy en 1941, la famille va s'installer à Néris-les-Bains (03) où Liliane épouse Jacques THÉAUX le 11 août 1943.
Ils sont présents le jour de la rafle à Néris-les-Bains, mais leurs noms ne figurent pas sur la liste détenue par la Gestapo, sans doute parce que Jacques est catholique. Ils vont se réfugier avec leur enfant à la ferme de Monsieur et Madame FORRICHON au lieudit Montigny à Néris-les-Bains. Ils n'y seront pas inquiétés et y resteront jusqu'à la Libération.


Photo: Liliane et Jacques THÉAUX le jour de leur mariage. Source: Archives de la famille.



Témoignage de  Liliane THÉAUX née MAYER sur l’arrestation de ses parents à Néris-les-Bains (03) le 12 mai 1944

 

« Le vendredi 12 mai à sept heures du matin un coup de sonnette aussi impérieux qu’impératif me réveille en sursaut. A la seconde, je reprends mes esprits et hurle à Jacques encore endormi : « C’est la Gestapo ! ». Bien sûr, cela aurait pu être n’importe quoi, n’importe qui, mais moi, je SAVAIS ! Aussitôt je me précipite à la fenêtre, car je veux d’abord préserver Jacques en le faisant fuir par là. J’entrouvre doucement le battant alors que rapidement il a revêtu son pantalon, mais, trop tard, dans le jardin deux ou trois soldats de la Wehrmacht veillent déjà…

Cependant qu’à la porte d’entrée, « ON » s’énerve et les deux sonnettes, celle du premier et la nôtre carillonnent dans un affolant et strident tintamarre. Jacques va ouvrir alors que je bondis dans la chambre de mes parents qui sommeillent encore, incrédules et perplexes. Déjà dans le couloir, avec une sonorité aussi saisissante que lugubre, résonnent les pas de ceux qui viennent arrêter… Papa et Maman, à peine levés, complètement ahuris, prostrés, se demandent s’ils ne font pas un absurde cauchemar. Papa domine vite les événements, s’habille sans hâte, résigné, désabusé, déjà soumis au destin, avec une certaine ironie teintée de lassitude sur le visage et répond à l’interrogatoire d’identité, vociféré par cet homme de la Gestapo. Un chapeau mou vissé sur la tête, un imperméable mastic jusqu’aux chevilles, il semble arcbouté sur ses jambes tendues et écartées, dans une attitude menaçante et méprisante. Avec une morgue dédaigneuse, il déchiffre la liste qu’il tient à la main et pose quelques questions, en allemand bien sûr. Un second, dans le même accoutrement, l’air tout aussi fermé et hostile, l’assiste en silence. Maman articule à peine pour répondre, ses traits se sont affaissés, ses yeux se sont éteints et sa mine terrorisée, affolée, soudain blafarde est insupportable à voir. Les deux bourreaux, méthodiques dans leurs investigations, n’ont pas un regard pour nous, ils nous ignorent totalement.

       Jacques tient Jean-Michel dans ses bras, l’enfant ne bouge pas et son regard innocent va de l’un à l’autre. Je suis là, incapable de faire un geste, tétanisée par ce cruel drame que je vis. Ont-ils pris un bagage, un sac, quelque chose ? Je n’en ai aucun souvenir… Il me semble que des corps sans vie se déplacent comme des ombres dans cette chambre, faiblement éclairée, au lit à peine défait, encore chaud d’une nuit paisible.

       Papa, avant de quitter la chambre à coucher pour suivre la Gestapo, s’approche du bébé, toujours dans les bras de Jacques, et l’embrasse avec une visible émotion, après en avoir demandé l’autorisation à haute et intelligible voix en toisant le bourreau : « Permettez-moi d’embrasser mon petit-fils ? ». (Qui sait si, à ce moment-là, il a pensé, « une dernière fois »).

         Puis, funèbre, en file indienne, les uns ployant sous le poids accablant de l’infamie, les autres arrogants et fiers de leur « tableau de chasse », le lugubre cortège avance lentement dans l’étroit couloir et sort sur le perron où attend la voiture qui va les emmener. Ironie du sort, (j’ignore si on peut dire cela en pareille circonstance), cette voiture est « NOTRE » Matford que Paul, avec la permission de Papa, avait mise à la disposition de la Résistance quelque temps auparavant, et qui avait été prise par la Gestapo lors d’une sévère descente répressive au garage où elle était entreposée à Montluçon, quelques jours auparavant.

       Il n’est pas encore huit heures et, sans égard pour le douloureux et cruel épisode que nous vivons, avec une indifférence insolente, le soleil luit dans un ciel d’un bleu pur et sans nuage. Une merveilleuse journée de mai se prépare…

       Les hommes s’agitent, quelques ordres sont échangés et rapidement ils prennent place sur les sièges avant alors qu’ils intiment l’ordre à Papa et Maman de s’asseoir derrière. Tout s’est passé très vite, nous ne pouvions ni parler ni pleurer, seuls nos yeux exprimaient notre infinie détresse. Je crois avoir dit que Paul « ferait quelque chose », plus pour entendre le son de ma voix et meubler l’insoutenable silence qu’en y croyant vraiment.

       Les portes claquent et la voiture, dans un nuage de poussière, s’éloigne sur le chemin terreux et sec, tourne à gauche pour rejoindre la Route Nationale, puis disparaît. J’ai aperçu Maman qui se retournait et faisait un ultime geste de la main… CE FUT TOUT !

        C’était une rafle de Juifs, comme il y en a eu d’innombrables, dans l’indifférence totale, anéantissant deux vies, brisant toute une famille, en l’espace d’une petite demi-heure !

        Et, plantée là, à cet instant précis, j’ai senti, intensément et profondément, me pénétrer la mortelle sensation que je ne les reverrais jamais…

 

Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 756 W 1, 996 W 778 W 15.3, 1580 W 9, 996 W 194.01, 996 W 778 W 112,

- Archives Départementales du Bas-Rhin 841 D 19

- Archives et témoignage écrit de la famille

- Archives Nationales Allemandes

- Bibliothèque Nationale de France sur site Internet Gallica

- Centre de Documentation Juive Contemporaine

- Etat civil de Strasbourg (67) et de Néris-les-Bains (03)

- Klarsfeld Serge Liste des transferts de Vichy à Drancy du 26 mai 1944

Klarsfeld Serge  Mémorial de la Déportation des Juifs de France 1978

- Lévy Gilles-Cordet Francis  A nous, Auvergne! Presses de la Cité  1981

- MemorialGenWeb  site Internet
 
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