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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 
CHABRIDON Georges
 

est né le 15 mai 1897 au domicile de ses parents au lieudit Montroy à La Chapelaude (03). Il est le fils de Gilbert et de Mélanie née DESTERNES.

Il exerce le métier de mouleur sur métaux à Montluçon (03).

Source de la photo: Archives Départementales des Hautes-Pyrénées- 20 W 24.

Incorporé le 1er septembre 1916 il est affecté au 40ème Régiment d'Infanterie avant de passer au 54ème Régiment d'Infanterie le 18 février 1917. Il est blessé le 29 août 1918 à Sermoise (02) et est évacué sur l'hôpital de Paris, puis de Luçon (85). Il rejoint son régiment le 16 novembre et est démobilisé le 26 septembre 1919.

 
Cité à l'ordre du régiment N° 157 du 14 août 1918: «Soldat très dévoué s'est distingué le 1er août 1918 en assurant la liaison sous un violent feu de mitrailleuses». Lui est attribuée la Croix de Guerre avec Etoile de Bronze.

Il reprend son métier de mouleur sur métaux qu'il exerce successivement à Belfort (90), Vaucouleurs (55), Ars-sur-Moselle (57) et Epinal (88) avant de revenir en 1926 dans l'Allier.

En mai 1923 il épouse Emilienne VANNEREY à Varigney (70) et ils ont trois enfants.

Il trouve un emploi de mouleur à la fonderie de Moulins où il est domicilié 17, rue Jean Bart.

Militant syndical très actif, il est secrétaire du syndicat des métaux de Moulins de 1928 à 1935, secrétaire de l'Union Locale des syndicats de Moulins et en 1936 secrétaire général de l'Union CGT des syndicats confédérés de l'Allier qui englobe 150 syndicats.

Il est affilié au Parti Communiste depuis 1926, il fait partie de la cellule de Moulins et est le candidat officiel du Parti Communiste dans toutes les élections.
 
En novembre 1938 il est condamné à un mois de prison avec sursis pour participation à une manifestation CGT interdite par le préfet.
 
Dans une note en date du 5 novembre 1940  au Préfet de l'Allier, le Commissaire Spécial de Moulins écrit à propos de Georges CHABRIDON: " Ouvrier mouleur à l'usine BARDET, se trouve actuellement sans travail et s'occupe autant qu'il le peut comme porteur de bagages. Militant ardent, a manifesté une grande activité au cours des années précédentes et propagé les idées communistes avec intelligence".

En juin 1941 suite à la déclaration de guerre germano-soviétique (22 juin) il fait l' «objet d'une mesure d'internement de la part du préfet de l'Allier». Craignant d'être arrêté par les autorités allemandes  Georges CHABRIDON  passe dans la clandestinité et franchit la Ligne de Démarcation pour aller travailler à Lyon, puis à Tarbes aux usines Hispano-Suiza. Il est domicilié au Café Poca 51, rue de l'Industrie à Séméac (65) depuis le 20 septembre 1941.
 

Il est arrêté par le Commissaire Spécial de Tarbes le 9 octobre 1941 à Tarbes «vu le décret du 18 novembre 1939 relatif aux mesures à prendre à l'égard des individus dangereux pour la défense nationale et la sécurité publique».

Son arrestation fait même l'objet d'une communication à la presse! Voir document ci-dessous.

NOTE A LA PRESSE

MINUTE

La Préfecture communique:

Un ancien militant communiste, ex-secrétaire de l'Union départementale des Syndicats de l'Allier, vient d'être découvert par M. le Commissaire Spécial dans un établissement industriel du département.

Ayant fait l'objet d'une mesure d'internement de M. le Préfet de l'ALLIER, cette dernière ne put être mise à exécution par suite de sa fuite.

Il se trouvait dans le département depuis un mois environ.

Par arrêté en date du 11 octobre, M. le Préfet l'a astreint à résidence forcée au camp de NEXON.

Source du document: Archives Départementales des Hautes-Pyrénées 20 W 24.

Sur arrêté du préfet des Hautes-Pyrénées en date du 11 octobre 1941 il est interné donc au centre d'indésirables de Nexon (Haute-Vienne).

Une première demande de libération est adressée au préfet de la Haute-Vienne le 27 avril 1942. Le chef du Centre de Séjour Surveillé de Nexon émet un avis défavorable, car selon lui

«Cet interné n'a donné jusqu'ici aucune preuve d'amendement.

En raison de son activité politique passée, il est très écouté dans sa baraque et a une certaine influence sur ses camarades.

Par ses fréquentations avec les éléments les plus révolutionnaires et les plus dangereux, il est classé dans la catégorie des irréductibles restés dangereux pour la sécurité publique».

Le 13 août 1942 il est transféré au Centre de Séjour Surveillé de Saint-Paul-d'Eyjeaux (85).

Pour le 1er mai 1943, l'Union Locale des Syndicats Chrétiens intervient auprès du Préfet de l'Allier pour lui demander "d'examiner avec toute la bienveillance possible le cas de camarades ayant agi dans un moment d'égarement" et suggère de libérer certains camarades, dont Robert GIRAULT, François MATHIEU et Georges CHABRIDON, ce qui aurait "une répercussion heureuse dans la classe ouvrière montluçonnaise et aiderait grandement à faire naître un climat de collaboration et de confiance si nécessaire à l'heure actuelle".

Le Commissaire Principal Chef des Renseignements Généraux de l'Allier estime que  " Peu connu de notre service, un avis le concernant  ne peut être émis".

Une deuxième demande de libération est faite, adressée cette fois-ci au préfet des Hautes-Pyrénées en juillet 1943. Selon le commissaire principal des Renseignements Généraux, «A mon avis, CHABRIDON reste dangereux pour la sécurité intérieure du pays et à ce titre il me paraît inopportun d'envisager actuellement son élargissement du camp».

Le 16 octobre 1943 Georges CHABRIDON écrit au Préfet régional pour demander «la révision de la mesure d'internement administratif» dont il fait l'objet.

Il est ensuite transféré au Centre de Séjour Surveillé de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) à une date non connue, mais postérieure au 16 octobre 1943.

Son frère Eugène écrit le 14 février 1944 au Préfet de l'Allier pour lui demander d'examiner avec bienveillance le cas de Georges en arguant  que "Mon (son) frère s'est occupé avant la guerre exclusivement de syndicalisme en dehors de toute politique".

Le 30 juillet 1944 l'administration du centre de Saint-Sulpice-la-Pointe vide le camp et remet les détenus aux Allemands à la demande de ces derniers. En clair ces détenus sont livrés aux nazis. Ils sont alors transférés à la gare Raynald de Toulouse, d'où ils sont déportés le 31 juillet à Buchenwald où ils arrivent le 6 août dans le convoi N° I.252, le 7 août à Ravenbrück pour les femmes et les enfants.

Il s'agit d'un convoi mixte à double titre: 1) il emmène 1088 hommes et 101 femmes et enfants 2) sont mélangés des déportés par mesure de répression (résistants, politiques, raflés) et des déportés par mesure de persécution (Juifs).
 
A Buchenwald Georges CHABRIDON reçoit le matricule N° 69055. Il est affecté après la quarantaine au Kommando de Weferlingen ou «Gazelle».
 
 
Source du document ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen  6152339.

Weferlingen ou «Gazelle»: Kommando du KL Buchenwald. C'est en août 1944 que ce Kommando, situé à 50 km au nord-ouest de Magdeburg, est ouvert. Les déportés ont pour tâche de construire une usine souterraine dans des galeries de potasse. Ils sont 450 en janvier 1945.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Source du document ci-contre : Service International de Recherches d'Arolsen  5660013.
 
Note: Dans le document ci-contre "Ga" pour "Gazelle".
Il y est libéré par les Américains en avril 1945 et rentre le 3 mai.

La carte de Déporté Résistant N°1.011.01263 lui est attribuée sur décision  du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du  29 avril 1958.


DIAC Clermont-Ferrand
 Source: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand.
 

Il est président du Conseil d'Administration de la Caisse Primaire de Sécurité Sociale de l'Allier de 1948 à 1950, puis administrateur jusqu'en 1966.

Source de la photo: Des assurances sociales à la CPAM de l'Allier 1930-1995 Pierre Bordes Editions des Cahiers Bourbonnais 1996.

Il décède le 7 juillet 1966 à Moulins.

 
Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 1864 W 1, 1289 W 32.2, 996 W Police Politique  63.01, Mesures administratives privatives de liberté,

- Archives Départementales des Hautes-Pyrénées 20 W 19, 20 W 24,

- Archives Départementales de la Haute-Vienne 185 W 376, 993 W 58, 993 W 301, 1621 W 20, 1621 W 43, 1621 W 60,
 
- Archives Départementales du Puy-de-Dôme 2330 W 26

- Archives Départementales du Tarn 493 W 98

- Archives Municipales de Moulins 5 H 80
 
- Bordes Pierre Des assurances sociales à la CPAM de l'Allier 1930-1995 Editions des Cahiers Bourbonnais 1996

- Etat civil de La Chapelaude (03)

- Etat des déportés ayant appartenu à l'Union Locale CGT-Moulins avant 1939 transmis par Jean-Noël Dutheil

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Service International de Recherches d'Arolsen 5660013, 6152339,
 
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