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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

KANCZUGER Emilia

Nous sommes à la recherche d'une photo.

est née le 12 septembre 1910 à Grzymalow (Pologne). Elle est la fille d'Emmanuel et de Berta BOMBERG.

Couturière célibataire elle quitte la Pologne pour rejoindre en 1937 sa sœur Sabine, arrivée en France en 1928 et commerçante à Paris. En juillet 1942 Emilia accompagne sa sœur Sabine qui fait une cure à Néris-les-Bains (03).

En fait, suite à la Rafle du Vel' d'Hiv des 16 et 17 juillet 1942, Sabine et Emilia ont "traversé clandestinement la Ligne de Démarcation dans la nuit du 25 au 26 juillet 1942 près d'Angoulême" afin de se "soustraire aux autorités allemandes qui menaçaient de les déporter" selon leur déclaration consignée dans le rapport d'un gendarme de la Brigade de Néris-les-Bains en date du 27 juillet 1942.

Bien que " l'identité de cette étrangère ait été reconnue exacte par l'examen de sa carte d'identité d'étranger de ""travailleur industriel"" délivrée par la Préfecture de Police de la Seine le 1er novembre 1939 sous le n°  39-AC-18958 et valable jusqu'au 10 novembre 1942", le zélé gendarme l'arrête pour la conduire au camp Bignet à Montluçon pour examen de la situation.

Le 11 août elle est assignée à résidence à Néris-les-Bains sur proposition de la Préfecture qui reçoit l'approbation de la Direction de la Police du Territoire et des Etrangers.

 
Source du document ci-dessus: Archives Départementales de l'Allier 996 W Police des étrangers Franchissement illégal de la Ligne de Démarcation.

Elle est arrêtée par la police française dans la Rafle du 26 août 1942.

La Rafle du 26 août 1942
La Rafle de Juifs étrangers le 26 août 1942 dans les 40 départements de la Zone Libre est le pendant de la Rafle du Vel' d'Hiv' des 16 et 17 juillet en Zone Occupée.
Les deux rafles sont le résultat d'un accord signé le 2 juillet 1942 entre le général SS OBERG, commandant la police et le SD allemands, et René BOUSQUET, secrétaire général à la Police du gouvernement LAVAL.
En clair les Juifs étrangers ont été livrés aux nazis par l'Etat Français qui livrera plus tard les Juifs français.
 
 

Elle est internée au Camp du Textile à Prémilhat (03) où sont rassemblés tous les Juifs étrangers arrêtés dans les quatre départements de la région Auvergne.

Le 30 août 1942 Sabine écrit une lettre au préfet de l'Allier pour demander la libération de sa sœur pour plusieurs raisons: sa sœur a une carte de travail, elle est «baptisée et Catholique fervente, fiancée à un français Pol J…, prisonnier de guerre lieutenant d'infanterie». Elle propose, au cas où elle-même ne pourrait subvenir à ses besoins, « de la placer dans un couvent de l'Ordre Notre Dame de Sion en zone non occupée où elle est recommandée par la Mère Supérieure de l'Ordre de Paris».


Source du document ci-dessus: Archives Départementales de l'Allier 996 W 270.

Sa lettre arrive à la Préfecture le 3 septembre 1942. Trop tard, car la Commission de Criblage chargée d'examiner les cas d'exemption s'est tenue le 2 septembre.

Sur la lettre adressée au préfet est écrite au crayon à gauche la décision de ce dernier selon laquelle est accordé un «sursis jusqu'au 15 octobre 1942», ce qui rend le sort d'Emilia KANCZUGER encore plus tragique.

Le 3 septembre ils sont 144 Juifs étrangers à être transférés du Camp du Textile à la gare de Montluçon d'où ils partent à 15 H 55 pour Drancy. Emilia KANCZUGER a le numéro 56 sur la liste.
 

Source: Liste des transferts de Montluçon à Drancy transmise par Serge Klarsfeld.

Le 14 septembre 1942 elle est déportée de Drancy à Auschwitz dans le convoi N° 32.

Source du document ci-dessus extrait de la liste du Convoi N°32: Mémorial de la Shoah C 32_48.

Dans Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Serge Klarsfeld écrit à propos du Convoi N° 32: "Il y a 640 hommes et 340 femmes dans ce convoi où l'on compte plus de 60 enfants (sans oublier ceux qui se trouvent parmi les 220 déportés dont on ignore l'âge). (...) A leur arrivée à Auschwitz le 16 septembre, furent sélectionnés 58 hommes qui reçurent les matricules 63898 à 63953 et 49 femmes qui reçurent les matricules 19772 à 19820. Le reste du convoi fut immédiatement gazé à l'exception des hommes qui furent sélectionnés avant l'arrivée à Auschwitz à Kosel. (...) En 1945 il y avait à notre connaissance environ 45 survivants de ce convoi."

Son nom figure au Monument aux Morts de Néris-les-Bains.

Elle décède le 19 septembre 1942 à Auschwitz (Pologne) selon le JO N° 192 du 20 août 2010.

"Mort en déportation" suivant l'arrêté de l'Office National des Anciens Combattants en date du 30 juin 2010 paru au Journal Officiel N°192 du 20 août 2010.

 
Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 996 W (778 W 15.3), 996 W 270,  996 W Police des étrangers Franchissement illégal de la Ligne de Démarcation,

- Centre de Documentation Juive Contemporaine

- Klarsfeld Serge Liste des transferts de Montluçon à Drancy

- Klarsfeld Serge Mémorial de la Déportation des Juifs de France Fils et Filles de Déportés Juifs de France 1978

- MemorialGenWeb  site Internet

- Service Historique de la Défense AC 21P 467877

 
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