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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 
GRYNBERG Jakob/Jacques
 
 
Archives de la famille

est né le 17 septembre 1920 à Lublin en Pologne de Mathes et Jenta née BLUMENSTOCK. Avec ses parents, son frère et ses deux sœurs il quitte la Pologne en 1934 à cause de l'antisémitisme et s'installe à Paris 166, rue de Charonne dans le 11ème.

Pour fuir les rafles de 1941 il quitte Paris le 17 septembre, mais est arrêté à Pau pour franchissement clandestin de la Ligne de Démarcation et défaut de carte d'identité. 

Source de la photo: Archives de la famille.
 
Il est condamné pour ces motifs à 15 jours de prison qu'il effectue à la Maison d'Arrêt de Pau à compter du 18 septembre 1941. «Hébergé» selon le chef de centre le 3 octobre à Gurs pendant quelques mois il est transféré le 19 janvier 1942 au 661ème GTE d'Idron (64), puis au 664 ème GTE de Saint-Georges-d'Aurac (43), d'où il envoie une carte postale à ses parents.
 
 
Archives de la famille A
 

St Georges d'Aurac,le 5 mai (1942)

Mes chers Parents,

Nous voici au mois de Mai, l'été s'approche,les beaux jours commencent à se montrer,le

soleil généreux chauffe les torses nus qui se tournent confiants vers ce bien venu et moi aussi

j'ai levé ma tête tout surpris en le voyant si brillant. Il m'a inspiré confiance et je l'ai

interrogé, pensant qu'il sait tout,lui qui voit tous et partout. Que se passe-t-il chez moi à la

maison,que font les miens,comment vivent-ils?? Et comment se portent-ils?

Voilà ce que je lui ai demandé mais il a gardé le silence. Pourquoi? Je vous embrasse bien fort.

Votre Jacques

 

Il est ensuite transféré au 861ème GTE de Bourbon-l'Archambault. Ce GTE qui compte environ 250 travailleurs polonais est installé début février 1942 pour l'exploitation des forêts environnantes en particulier vers Ygrande  et Meillers.

Jacques GRYNBERG est pris dans la Rafle du 26 août 1942 et est interné au Camp du Textile à Prémilhat (03).

La Rafle du 26 août 1942
La Rafle de Juifs étrangers le 26 août 1942 dans les 40 départements de la Zone Libre est le pendant de la Rafle du Vel' d'Hiv' des 16 et 17 juillet en Zone Occupée.
Les deux rafles sont le résultat d'un accord signé le 2 juillet 1942 entre le général SS OBERG, commandant la police et le SD allemands, et René BOUSQUET, secrétaire général à la Police du gouvernement LAVAL.
En clair les Juifs étrangers ont été livrés aux nazis par l'Etat Français qui livrera ensuite les Juifs français.

Le 3 septembre il est transféré en train de Montluçon (03) à Drancy. 

Source du document ci-dessus: Liste des transferts de Montluçon à Drancy transmise par Serge Klarsfeld.


Il est déporté le 14 septembre de Drancy à Auschwitz par le convoi N° 32.


Dans Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Serge Klarsfeld écrit à propos du Convoi N° 32: "Il y a 640 hommes et 340 femmes dans ce convoi où l'on compte plus de 60 enfants (sans oublier ceux qui se trouvent parmi les 220 déportés dont on ignore l'âge). (...) A leur arrivée à Auschwitz le 16 septembre, furent sélectionnés 58 hommes qui reçurent les matricules 63898 à 63953 et 49 femmes qui reçurent les matricules 19772 à 19820. Le reste du convoi fut immédiatement gazé à l'exception des hommes qui furent sélectionnés avant l'arrivée à Auschwitz à Kosel. (...) En 1945 il y avait à notre connaissance environ 45 survivants de ce convoi."

Il fait partie des  hommes sélectionnés à Kosel par une organisation parallèle concurrente de la SS, l'organisation SCHMELT. Il est transféré dans le camp de travail forcé pour Juifs de Peiskretscham, puis à Blechhammer où il travaille à la fabrication d'essence synthétique jusqu'en janvier 1945. Suite à l'offensive soviétique les 4000 prisonniers du camp sont évacués en marches forcées. Nombreux sont les déportés qui succombent avant d'arriver à Gross Rosen. Quelques jours plus tard les survivants sont entassés dans des wagons découverts. Le train est bombardé. Répit à Buchenwald où ils passent la quarantaine au Petit Camp avant d'être envoyé au kommando de Wansleben.
 
Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation
 

En avril 1945 nouvelle évacuation au cours de laquelle il réussit à s'évader et à retrouver les Américains.

A son retour il retrouve son père qui a réussi à se cacher dans une cave grâce à son patron non juif, mais il apprend que

ses sœurs Marie (27 ans) et Zelda (24 ans) ont été arrêtées dans la rafle du Vel'd'Hiv et déportées à Auschwitz par le convoi N° 12 du 29 juillet 1942.

son frère Henri 28 ans a été déporté à Sobibor par le convoi N° 53 du 25 mars 1943

sa mère Jenta 57 ans a été déportée à Auschwitz par le convoi N° 72 du 29 avril 1944.

Aucun n'est revenu.
 
Dès son retour des camps, Jacques GRYNBERG participe à la création de l'Amicale d'Auschwitz, puis est actif au sein de la Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP). Il en sera le président dans le 20ème arrondissement. Il participe également à la fondation de l'Association Fonds Mémoire d'Auschwitz (AFMA) et du Comité «Ecole de la rue Tlemcen» en mémoire des enfants juifs assassinés du 20ème arrondissement de Paris.

Fidèle aux idéaux familiaux, il milite au Parti Communiste Français et s'engage dans les années 1950 contre la bombe atomique, puis contre la guerre en Algérie.

La carte de Déporté Politique N° 1.175.10634 lui est attribuée par le Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre le 3 décembre 1956.


Source du document ci-dessus: Archives de Paris 3595 W 123.

Dés 1964, il développe sans discontinuer un travail de témoignage sur la Shoah dans les universités, lycées, collèges et écoles. Il œuvre aussi pour le rapprochement franco-allemand et organise avec la CIMADE et l'organisation allemande ASF(Action Signe de Réconciliation Services pour la Paix) au début des années 1980 des séminaires de réflexion en France, en Allemagne et en Pologne où des jeunes des différents pays peuvent se rencontrer.

Parallèlement,il s'investit dans le conseil de quartier de son lieu d'habitation où il s'attache à préserver l'identité populaire du Quartier de Ménilmontant à Paris, en participant aux multiples activités associatives de proximité.

Il lie son implication dans le combat quotidien de ce quartier à la transmission de la Mémoire de la Déportation et de la Shoah.

Archives de la famille
Il décède le 30 octobre 2004.
 
Désormais, suite à la délibération du Conseil du 20ème arrondissement du 30 janvier 2007, un jardin public situé au carrefour des rues des Amandiers et Fernand Léger (20e)  porte son nom avec l'inscription:
 

SQUARE

JACQUES GRYNBERG

1920-2004

Ancien Déporté à AUSCHWITZ

Militant Antifasciste
 

Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 996 W 778 W 15.3, 996 W 255.03, 996 W Police des Etrangers Travailleurs Etrangers Instructions 19 novembre 1942,

- Archives Départementales des Pyrénées-Atlantiques 72 W 124

- Archives de la famille

- Archives de la FNDIRP

- Archives de Paris 3595 W 123
 
- Centre de Documentation Juive Contemporaine

- Klarsfeld Serge Mémorial de la Déportation des Juifs de France  FFDJF 1978

 
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