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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 
ROMON Gabriel Louis Charles
 
 

«C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière»

Vers d'Edmond ROSTAND affiché dans le bureau du Commandant ROMON à Hauterive (03)
 
 
Archives de la famille

Gabriel Louis Charles ROMON est né le 18 juin 1905 au domicile de ses parents 2, Place Saint-Pierre à Boulogne-sur-Mer (62). Son père Louis est instituteur et sa mère Gabrielle née LEMAITRE est femme au foyer. Il fait ses études au lycée Faidherbe de Lille.

De Polytechnique à la guerre (18 septembre 1925-3 septembre 1939)

Orphelin de père à l'âge de 11 ans et boursier d'études il entre à l'Ecole Polytechnique en 1925 et en sort sous-lieutenant du Génie. Il est nommé lieutenant au 18ème Régiment du Génie à Nancy en 1929.
 
Le 5 août 1930 il épouse Denise SIVOT à Nancy (54). Ils ont trois fils.

Source de la photo: Archives de la famille.
 
Nommé capitaine  en 1933 il suit les cours de l'Ecole Supérieure d'Electricité (section Radio) à Paris à partir de septembre 1932.

De la déclaration de guerre à l'invasion de la Zone Sud

Le 3 septembre 1939 quand la guerre éclate le capitaine ROMON effectue son temps de commandement au 38ème Régiment du Génie à  Montargis (45). Il est mobilisé au Grand Quartier Général du Général GEORGES, Commandant en chef le Front Nord-est à Paris où il se morfond, demandant en vain à être affecté sur le front. A la signature de l'Armistice il souhaite continuer le combat en Afrique du Nord française et ne veut pas rester en France occupée.

Deux mois après la signature de l'Armistice il a la chance d'être affecté en Zone Libre. Le 10 août 1940 il est nommé Directeur Technique du GCR (Groupement de Contrôles Radioélectriques) et Directeur du principal centre à Hauterive (03). Le chef en est le commandant Paul LABAT.

Gabriel ROMON fait partie des  6 officiers des Transmissions qui sont transformés en ingénieurs civils des PTT, donc rattachés au Secrétariat d'Etat aux Communications, pour échapper au contrôle des Commissions d'Armistice. Sous le couvert d'écoutes de presse et d'écoutes commerciales le GCR travaille en fait pour le 2ème Bureau français et le M16 de l'Intelligence Service Britannique.

Quelques exemples

- établissement des schémas radio de la Gestapo et de la Wehrmacht

- analyse de l'ordre de bataille des forces allemandes

- interception des émissions allemandes et transmission à Londres

- transmission au groupe clandestin de décryptage "PC  Cadix" de messages allemands interceptés et cryptés  «Enigma».

La résistance secrète

Le 11 novembre 1942 suite au débarquement des Alliés en Afrique du Nord, les Allemands envahissent la Zone Sud et contrôlent tout. Il s'agit maintenant pour le commandant ROMON d'adapter ses activités de résistance à la situation nouvelle. Il ne bénéficie plus de la couverture de sa hiérarchie militaire. Les risques inhérents à tout acte de résistance sont accrus.

En juillet 1943 suite à l'arrestation par la Gestapo de plusieurs de ses collègues engagés dans la Résistance, Gabriel ROMON est muté à Paris pour l'éloigner du danger: il est nommé directeur  des  Services Techniques de la TSF des PTT. Mais, au lieu de prendre ses distances avec la Résistance, il s'engage de plus en plus dans des activités secrètes. Depuis mars 1943 Gabriel ROMON est Commandant des Transmissions de l'Armée Secrète, agent du réseau Super-NAP en tant que responsable du secteur radio.

Le commandant ROMON crée en même temps un groupe clandestin d'opérateurs radio, le Service des Transmissions nationales (STN), pour continuer à transmettre aux Alliés des renseignements sur les forces d'occupation et préparer le débarquement. En avril 1943, il met le STN à la disposition du très important réseau "Alliance", dont il devient le responsable radio sous le pseudonyme de Cygne.

L'arrestation

Le commandant ROMON, marié et père de trois enfants, revient passer la fin de la semaine en famille à son domicile 86, route de Thiers à Saint-Yorre (03). C'est là qu'il est arrêté par la Gestapo le dimanche 12 décembre 1943 dans l'après-midi.

Trois hypothèses sont avancées pour cette arrestation: un agent de la Gestapo infiltré au réseau Alliance? ou un ancien opérateur radio du GCR passé à la Milice? ou une imprudence?

Témoignage de Jacques LEYSER: " J'ai été arrêté à Vichy par la Gestapo le 13 décembre 1943. Le lendemain ou surlendemain j'ai pu prendre contact en cellule avec le commandant Romon qui, après son arrestation, venait d'être confronté avec un nommé Gaqrrigues-Perrières et qui m'a confié qu'il avait été arrêté sur dénonciation de cet individu (...) Le commandant ROMON m'a indiqué que mis en présence de Guarrigues-Perrières dans les bureaux de la Gestapo, celui-ci avait déclaré que le commandant recrutait des radios pour la Résistance (Source:  ROMON François Les écoutes radio dans la Résistance française 1940-1945 Nouveau monde Editions 2017).

Ex-agent du G.C.R passé à la Milice, Max Guarrigues-Perrières sera condamné le 28 novembre 1945 à 20 ans de travaux forcés et à la dégradation nationale à vie  par la Cour de Justice de l'Allier.

De prison en prison

Gabriel ROMON est interné à la prison militaire allemande de Moulins surnommée la Mal-Coiffée, puis le 1er février 1944 à la prison allemande de Fresnes où sont regroupés les membres du réseau "Alliance". Classé N.N. c'est-à-dire devant disparaître dans «la Nuit et le Brouillard», il est transféré le 16 décembre 1943 à la prison de Strasbourg où il est interrogé par l'AST (AbwehrSTelle Service de Renseignements de l'Armée allemande). Le 15 février 1944 il est transféré à la prison de Kehl, puis le 27 avril 1944 à la prison de Fribourg-en-Brisgau pour comparaître devant le Tribunal de Guerre Allemand.

Le jugement

Le 24 juin 1944 le Tribunal de Guerre de Fribourg-en-Brisgau juge 24 membres du réseau "Alliance" dont le commandant Gabriel ROMON. Ils sont tous condamnés à mort pour «espionnage». Mais le verdict ne leur est pas communiqué à l'issue du procès.

Le 27 juin 1944 ils sont transférés à la prison de Schwäbbisch Hall et ce n'est que le 20 août qu'un officier leur communique la sentence: «condamnés à mort par fusillade».

Le 21 août a lieu le dernier transfert vers la Caserne Schlieffen de Heilbronn. C'est au champ de tir d'Heilbronn que les 24 sont fusillés 8 par 8 le 21 août 1944 après avoir reçu l'assistance d'un prêtre, refusant qu'on leur bande les yeux aux cris de "Vive la France".

Le dernier vœu des 24 condamnés qui avait été d'«être enterrés en France» sera exaucé par le réseau "Alliance" qui rapatriera les corps en juin 1947 à Strasbourg.

Gabriel ROMON, "Mort pour la France" à 39 ans, a été promu lieutenant-colonel à titre posthume, il a été décoré de la Médaille de la Résistance et fait Chevalier de la Légion d'honneur. Les obsèques officielles du lieutenant-colonel Gabriel ROMON ont lieu le 27 décembre 1947 en l'Eglise Saint-Louis des Invalides à Paris.
 
Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 519315), il est homologué en tant que Résistant au titre des F.F.C. (Forces Françaises Combattantes) et des D.I.R. (Déportés et Internés Résistants).


Lors de sa séance du 12 août 1945, le Conseil Municipal de Saint-Yorre "pour honorer la mémoire du Commandant Romon fusillé en Allemagne le 21 août 1944...à l'unanimité décide de donner son nom à la rue du Parc".

Le 12 mai 1946 a été baptisée la rue du Commandant ROMON à Saint-Yorre, et le 26 juin 1946 l'avenue des colonels MESNIER et ROMON à Montargis.
La carte de Déporté Résistant N°1.001.07215 lui est attribuée à titre posthume sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 23 novembre 1951.

Source du document ci-dessus: Archives de la famille.

"Mort pour la France"

"Mort en déportation"
suivant l'arrêté du Secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants en date du 1er avril 1998 paru au Journal Officiel N°161 du 14 juillet 1998.


Son nom figure au Monument aux Morts de Saint-Yorre.

Source de la photo ci-dessus: Archives départementales de l'Allier.

Le 12 décembre 2008 a été dévoilée la plaque en l'honneur et en mémoire du Commandant Gabriel ROMON au N° 86, route de Thiers à Saint-Yorre.

Source de la photo ci-dessus: Bulletin Municipal de Saint-Yorre 2008-2009 transmis par la Mairie. Remerciements.

 

Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 1864 W 1, 1218 W 4,

- Archives de la famille

- Archives Municipales de Saint-Yorre

- Biographie du commandant Romon par le colonel M. Leschi dans La Revue des Transmissions N° 5 octobre 1946

- Biographie de Gabriel Romon par son fils François Romon

- Etat civil de Boulogne-sur-Mer (62) et de Saint-Yorre (03)

- Fourcade Marie-Madeleine L'Arche de Noé «Réseau»Alliance» 1940-1945 Editions Plon avril 2003

- Gerhards Auguste Tribunal de guerre du IIIe Reich Le Cherche Midi et Ministère de la Défense Paris 2014

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial de l'Alliance

- ROMON François Les écoutes radio dans la Résistance française 1940-1945 Nouveau monde Editions 2017

- Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 519315)


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