LEBRUN Ulric Augustin Melckior
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né le 18 octobre 1915 à Bois-et-Borsu commune de Clavier (Belgique).
Son père Louis est commerçant et sa mère Félicie née VANDRIN est sans
profession.
Missionnaire il est domicilié au N° 33, rue de l'Etat-Tiers à Liège (Belgique), mais réside à Vichy (03) en 1943.
Il travaille à la section des Affaires Musulmanes qui se trouve Villa d'Amiens à Vichy (03).
Source de la photo ci-contre: Anne Deprez dans "Fraternité d'Église Liège-Chine" n°27 avril 2017. Photo transmise par Jean Peeters. Remerciements.
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Suite au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, les Allemands envahissent la Zone Libre le 11 novembre et la Gestapo s'installe à Vichy (03). | |
Sur enquête de la Gestapo de Vichy dirigée par le capitaine Hugo GEISSLER, plusieurs officiers et civils– dont le Père Ulric LEBRUN- ayant des activités en relation avec l'Afrique du Nord sont arrêtés le 8 janvier 1943.
Selon le rapport du Commissaire Divisionnaire de Vichy en date du 9 janvier 1943, «Le 8 janvier à 9 h 30, une quinzaine d'allemands ont fait irruption dans la Villa d'Amiens où siège la section des Affaires Musulmanes.
Ils ont immédiatement demandé le colonel TERRIER, chef de section, qui était justement absent à ce moment-là. Ils ont ensuite insisté pour voir MM. FAUCHARD, secrétaire, et BITARD, de la Radiodiffusion Arabe, qui étaient également absents. Les allemands recherchèrent ensuite le lieutenant VARLET, qui s'occupe du Journal Arabe «At Tafahoum», ceci sans résultat.
A la suite de ces recherches infructueuses, ils réunirent le personnel dans une salle du 1er étage et, pendant ce temps, envoyèrent chercher les personnes qu'ils recherchaient par un Officier qui est parti en voiture. A la suite de toutes ces arrestations, treize personnes furent emmenées à Clermont-Ferrand».
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Il est transféré le jour-même à la prison du 91ème Régiment d'Infanterie à Clermont-Ferrand (63), puis le 10 janvier 1943 à la prison de Fresnes.
Le 18 janvier 1944 il est dirigé sur le camp de Compiègne où il reçoit le matricule N° 24695.
Le 27 janvier 1944 il fait partie des 1583 hommes déportés de Compiègne à Buchenwald où il arrive le 29 dans le convoi N° I.173. Il reçoit le matricule N° 44427.
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Source du document ci-dessus: Mémorial Buchenwald Dora Kommandos Tome 2.
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Le 13 mars 1944
il fait partie de la dizaine de personnes, en majorité des officiers
français, considérées comme des personnalités-otages. |
Personnalités-otages: un certain nombre de personnes occupant en général des postes à responsabilité civile, politique ou militaire voire religieuse sont arrêtées souvent de manière préventive à cause du danger qu'elles pouvaient représenter, puis déportées. Elles devaient servir le cas échéant de monnaie d'échange. Elles ont eu un sort enviable en comparaison des autres déportés.
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A ce titre ils sont transférés le 13 mars 1944 non dans un camp de travail, mais au Château d'Eisenberg.
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Eisenberg: Le château d'Eisenberg est officiellement un Kommando du KL Flossenbürg créé en juin 1943. Il est situé dans l'ancienne Tchécoslovaquie et est chargé de recevoir des "Personnalités-otages". Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
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Il y est libéré le 8 mai 1945. Il décède le 1er août 1961 à Taïpei dans un accident de moto selon l'article d'Anne DEPREZ. Voir l'article ci-dessous transmis par Jean PEETERS.
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FRATERNITÉ D’ÉGLISE LIÈGE/CHINE : LE PÈRE ULRIC LEBRUN, MISSIONNAIRE EN CHINE ET NOTRE-DAME DE GRÂCE Extraits d’un article paru dans la revue Fraternité Église Liège/Chine.
La paroisse Sainte-Marie des Anges à Liège abrite une petite chapelle, où depuis plus de 350 ans, les chrétiens viennent invoquer Notre-Dame de Grâce. C’est dans cette paroisse que le P. Ulric, né en 1915 avait vécu ses premières années de sacerdoce car ordonné en 1940, il ne pouvait partir pour la Chine durant la guerre. Mais sa fougue entraîna son arrestation par la Gestapo en mai 1943 et envoyé au camp de concentration de Buchenwald. Deux après sa libération en 1945, il partit enfin pour la Chine alors que de gros nuages noirs s'amoncelaient dans le ciel d’un peuple chinois affamé et avide d'un avenir meilleur promis par Mao Zedong. Considéré par le Parti comme espion, il fut arrêté en 1951. La torture endurée qu’il allait endurer lui fit dire un jour plutôt 10 ans à Buchenwald que quelques mois dans les mains des communistes. Je puise dans le récit qu’il nous fit d’une de ses très nombreuses séances de torture, et aussi comment lors d'une d'entre elles Notre-Dame de Grâce de Liège désarma ses bourreaux. Aujourd'hui, j'ai senti sur moi la main protectrice et maternelle de Marie. J'étais à ma sixième semaine d'interrogatoire. Le juge m’interrogeait sur mes relations « d'espionnage » avec un missionnaire français : « Combien avez-vous reçu d'argent du père X... pour lui fournir des informations ? » Sur ma négation formelle il me fit monter sur un tas de dalles en pierre sur ...mes genoux. Une corde pendait au plafond. On attacha mes menottes à la corde, les mains levées en l'air. La position n’avait rien de douloureux mais le juge s’apprêta à balancer les dalles, j’allais tomber et rester suspendu par les menottes, ce qui allait disloquer mes poignets. Je me confiais plus que jamais à la protection de la Vierge, secours des chrétiens. Le secours ne se fit pas attendre. Quand je fus basculé dans le vide, je ne sentis même pas le choc des menottes, arrêtées subitement par la corde attachée au plafond et qui se brisa : j'avais pied à terre. Je n'avais pas ressenti la moindre douleur. Furieux, un juge me fit monter sur une chaise et m'attacha les poignets à la corde qui pendait toujours au plafond. On allait faire un nouvel essai, en attendant de retrouver une nouvelle paire de menottes. Comme je refusais toujours de répondre affirmativement à la question des juges, on retira la chaise sur laquelle j’étais debout. J'invoquai à nouveau le nom de Marie. Je fus balancé dans le vide. La corde qui me serrait les poignets était grosse comme mon petit doigt mais se brisa comme un fil à coudre. Je ne ressentis pas la moindre douleur. Impuissant, les juges ordonnèrent au soldat de me reconduire à ma cellule. La Vierge avait vaincu mes bourreaux. Ce jour comptera désormais parmi les plus beaux de ma vie. Je n’oublierai jamais cette intervention de la Vierge. En attendant, j'étais « regonflé »... et j'en avais besoin. L'instruction n'était pas encore terminée ». Me voici, maintenant, à Banneux, d'où je vous envoie cet article. Ce soir j'ai prié pour mes juges et mes bourreaux du tribunal populaire ; parce que l'Amour est plus fort que la haine, parce que la bonté est plus puissante que la méchanceté. Il n'est pas vrai que la calomnie, la délation, la brutalité, le mépris du secret des consciences sont plus forts que la vérité le pardon, le respect de l'homme et de sa liberté. Expulsé de Chine, le père Ulric fut de retour chez nous, en 1952. En remerciement à Notre-Dame de Grâce, il fit graver un ex-voto, appliqué au mur de sa chapelle : Merci de votre enfant, vous l'avez protégé dans la persécution. Sauvez ses chrétiens de Chine. Le témoignage du père Ulric a contribué à la naissance de notre petite Fraternité d'Église Liège-Chine, un de ses membres fut même vicaire dans sa paroisse et habitait la maison où il avait été domicilié : 33, rue de l'État-Tiers. Le pape Pie XII avait dit au P. Ulric : Vos parents, votre pays, votre congrégation ont bien le droit d'être fiers de vous. Missionnaire dans l'âme, il repartit pour Taïpei à Taïwan (ex-Formose), en 1957. C'est là-bas le 1er août 1961, qu'un accident de moto fatal introduisit ce «bon et fidèle serviteur dans la joie de son Seigneur ». Anne Deprez dans Fraternité d'Église Liège-Chine n°27 avril 2017
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Sources:
- Archives Départementales de l'Allier 778 W 12 - Archives Générales du Royaume de Belgique séries 1.1.5.1, 1.1.5.3., 1.1.5.5., 1.147.1,
- Bureau des Archives des Victimes des Conflits Contemporains - Deprez Anne dans "Fraternité d'Église Liège-Chine" n°27 avril 2017 transmis par Jean Peeters
- Etat civil de Clavier province de Liège (Belgique)
- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004
- Mémorial Buchenwald Dora Kommandos Association Française Buchenwald Dora et Kommandos
© AFMD de l'Allier
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